Moscou annonce une "trêve humanitaire" pour jeudi à Alep en Syrie

Des secouristes, appelés Casques blancs, essaie de déplacer un garçon coincé dans les débris d'un bâtiment à Alep, le 17 octobre 2016.

La Russie a annoncé pour jeudi une "trêve humanitaire" de quelques heures dans la ville syrienne d'Alep, où ses bombardements et ceux du régime de Damas pourraient s'apparenter à des crimes de guerre selon l'Union européenne.

Les aviations russe et syrienne ont poursuivi lundi leurs frappes sur la grande ville du nord du pays pour appuyer l'offensive majeure des forces du régime, lancée le 22 septembre et dont l'objectif est de reprendre les quartiers tenus depuis quatre ans par les rebelles.

Moscou a annoncé que les armées russe et syrienne suspendraient "leurs frappes aériennes et tous les autres tirs" jeudi à Alep "de 08H00 à 16H00" heure locale.

Cette décision a été prise "avant tout pour permettre aux civils de quitter (la ville) en toute liberté, pour évacuer les malades et les blessés et assurer le retrait des rebelles armés" a déclaré le général Sergueï Roudskoï, de l'état-major russe.

Les Nations unies et l'UE ont salué cette initiative mais ont estimé que la durée de la trêve n'était pas suffisante pour permettre aux convois humanitaires d'acheminer l'aide aux civils des quartiers rebelles assiégés d'Alep.

"Toute pause dans les hostilités est positive pour la population (...) mais nous avons besoin de plus de temps pour mettre en route la machine humanitaire", a déclaré le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric, en rappelant que l'ONU réclamait des pauses d'au moins 48 heures.

L'ambassadeur de Russie à l'ONU, Vitali Tchourkine, a annoncé que l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie avaient accepté de participer à des discussions avec les Américains et les Russes pour tenter de dissocier opposition modérée et extrémistes à Alep afin de favoriser une trêve.

Il a indiqué qu'une réunion était prévue pour cela lundi entre militaires américains, russes, saoudiens, qataris et turcs.

'Désastre'

Un nouveau raid aérien lundi contre le quartier sous contrôle rebelle de Marjé a coûté la vie à 13 civils, dont 12 d'une même famille, selon une ONG basée en Grande-Bretagne, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Une vidéo postée lundi par des militants montre des hommes en train de poser à terre huit cadavres de très jeunes enfants dont le corps est enveloppé d'un drap blanc et le visage est visible. Un des hommes caresse le front d'un enfant, puis les corps sont mis en terre dans un cimetière.

Le bilan de ce raid porte à 47 le nombre de morts en 24 heures dans l'est de la ville, selon cette ONG. Des dizaines d'autres personnes ont été blessées lundi.

D'après le correspondant de l'AFP dans la partie rebelle d'Alep, les Casques blancs (secouristes dans les zones insurgées) ont travaillé sans relâche lundi pour dégager des dizaines de personnes coincées sous des décombres d'un immeuble à la suite d'une frappe dimanche sur le quartier de Qaterji. Dix-huit civils y ont péri, selon un nouveau bilan de l'OSDH.

"Il y a encore des familles sous les gravas (...) Les hôpitaux sont débordés. C'est un désastre", a déploré un ambulancier Abou Mohammed.

Plus de 430 personnes ont péri dans des bombardements dans la partie rebelle de la ville, dans l'est, depuis le début de l'assaut, selon l'OSDH.

Et 82 habitants ont été tués par des tirs rebelles sur les secteurs tenus par les forces du régime, dans l'ouest de la ville, d'après cette même source.

'Disproportionné'

L'Union européenne a condamné lundi l'attitude de la Russie dans le conflit syrien, sans envisager de sanctions mais en avertissant qu'elle était passible de poursuites pour "crimes de guerre" en participant aux bombardements.

"Depuis le début de l'offensive par le régime et ses alliés, particulièrement la Russie, l'intensité et l'échelle des bombardements aériens sur Alep-est est clairement disproportionnée", écrit l'UE.

"Et le ciblage délibéré d'hôpitaux, de personnels médicaux, d'écoles et d'infrastructures vitales, tout comme l'usage de bidons d'explosifs, de bombes à sous-munitions et d'armes chimiques constituent une escalade catastrophique du conflit", accuse l'Union européenne.

Selon l'UE, ces frappes "pourraient constituer des crimes de guerre" pouvant être soumis à la Cour pénale internationale (CPI).

Le conflit syrien, qui a débuté après la répression en 2011 par le régime de manifestations prodémocratie, a fait plus de 300.000 morts et implique aujourd'hui des acteurs locaux, régionaux et internationaux.

Avec AFP