Trois fois plus de civils tués ou blessés dans les attaques de Boko Haram en 2015

Dans le village de Zenam Kelouri, les soldats nigériens procèdent à une démonstration de force de leur lutte contre Boko Haram, le 29 février 2016. (VOA/Nicolas Pinault)

L'ONG britannique Action on Armed Violence recense une augmentation de 190% du nombre de personnes blessées ou tuées en 2015 dans des attaques attribuées à Boko Haram

Boko Haram a multiplié les attaques suicides en 2015 (+167% par rapport à 2014).

L'organisation non-gouvernementale basée à Londres note que les pertes civiles dues à des "armes explosives" ne cessent de croître à travers le monde depuis 4 ans.

Les "armes explosives" comprennent les obus, mines, bombardements aériens, bombes artisanales, voitures piégées et attaques kamikazes.

Dans son dernier rapport, AOAV répertorie 84 attaques au Nigeria en 2015, qui ont causé la mort de 3048 personnes, 96% d'entre elles étant des civils. On estime que l'insurrection du groupe islamiste a fait environ 20.000 morts depuis 2009.

Le Nigeria est le 4e pays où l'on a recensé le plus de victimes dues à des conflits armés en 2015, derrière la Syrie, le Yémen et l'Irak.

Boko Haram revendique rarement ses attaques, mais c'est jusqu'à présent le seul groupe connu dans le pays à utiliser des kamikazes pour perpétrer des attentats.

Ce type d'attaque s'est particulièrement accru depuis que l'armée nigériane a délogé les combattants des territoires du nord-est du pays dont ils s'étaient emparés.

Les jeunes femmes, et plus particulièrement des adolescentes, sont régulièrement utilisées comme bombes humaines, au Nigeria et dans les pays voisins.

AOAV a recensé 923 morts et blessés dans des attaques au Tchad et au Cameroun en 2015, attribuées à Boko Haram.

Le président nigérian Muhammadu Buhari a affirmé que Boko Haram avait été "techniquement vaincu" mais ces tactiques de guérilla rendent la tâche encore plus difficile à l'armée nigériane dans sa lutte contre le groupe islamiste.

Mardi, l'armée a d'ailleurs mis en garde les agriculteurs dans le nord du pays, car "dans leur fuite, les terroristes ont répandu des mines dans les champs". "C'est la dernière technique des combattants pour instaurer la peur et la panique parmi la population", a-t-elle précisé.

Ces mines ne viennent que compliquer le retour des 2,6 millions de personnes déplacées, alors que l'on s'inquiète déjà du manque de nourriture et du coût de la reconstruction dans le nord-est du pays, après des années de conflit.

Le rapport d'AOAV recense un total de 43.786 morts et blessés dus aux "armes explosives" à travers le monde en 2015, et les victimes sont en immense majorité des civils (76%).

Avec AFP