Le président américain a appelé au rassemblement mais a souligné la "responsabilité" des médias dans la détérioration du climat actuel, tandis que des démocrates accusaient le républicain d'attiser la violence.
Donald Trump a jugé que "tout acte ou menace de violence politique" était "une attaque contre notre démocratie elle-même". Il a dans le même temps, lors d'un meeting de campagne dans le Wisconsin (nord), appelé les médias à "cesser les hostilités sans fin et les (...) attaques négatives constantes et souvent fausses".
En quelques heures, plus tôt dans la journée, six alertes au colis suspect se sont succédé, de New York à la Floride en passant par Washington, sans compter une fausse alerte en Californie, créant un climat de psychose.
Lire aussi : Clinton, Obama et CNN visés par des colis suspects en pleine campagne électoraleAucune victime n'a été signalée mais les polices locales et fédérales ont été placées en état d'alerte. Le maire et le gouverneur de New York ont dénoncé une "volonté de terroriser".
"Dans des moments comme celui-ci, nous devons nous rassembler", a déclaré dans un premier temps Donald Trump, depuis la Maison Blanche.
"Le gouvernement fédéral mène une enquête agressive et nous allons trouver les responsables et les présenter à la justice. Très rapidement j'espère", a-t-il aussi dit.
Le chef de la police new-yorkaise s'est dit persuadé que le ou les coupables seraient identifiés "dans les prochains jours".
L'affaire a commencé dans la matinée lorsque le service fédéral chargé de la protection des anciens présidents a annoncé avoir intercepté deux colis contenant "des engins explosifs potentiels". Ils étaient destinés à l'ex-secrétaire d'État démocrate Hillary Clinton, qui réside dans la banlieue de New York, et à l'ex-président démocrate Barack Obama, qui habite à Washington.
Le paquet destiné à Mme Clinton, rivale malheureuse de Trump à la présidentielle 2016 et que le président continue à critiquer régulièrement, a été intercepté mardi soir. Celui destiné à Barack Obama l'a été mercredi matin, a indiqué le Secret Service. Aucun des colis n'a atteint ses destinataires.
Lire aussi : Trump dénonce des "malades" après les colis piégés au TexasPeu après, la chaîne d'information CNN, souvent dénoncée par Donald Trump qui l'accuse de critiquer systématiquement sa présidence, évacuait ses bureaux new-yorkais après la découverte d'un colis suspect.
Le colis contenait un engin "apparemment explosif" et une "poudre blanche", en cours d'analyse, selon le chef de la police new-yorkaise. Il était adressé à John Brennan, ex-directeur de la CIA et commentateur sur CNN très critique de Trump, lequel a décidé en août de le sanctionner en lui retirant son habilitation de sécurité.
- Paquets d'apparence similaire -
La police de Floride a ensuite indiqué avoir trouvé un colis suspect près du bureau de l'élue au Congrès Debbie Wasserman Schultz, ex-présidente du comité national du parti démocrate.
Au moins deux autres personnalités démocrates, noires, l'ex-ministre de la Justice d'Obama, Eric Holder et la députée californienne Maxine Waters, ont aussi été visées par des colis suspects.
Dans la soirée, le FBI a indiqué que deux colis supplémentaires, "d'apparence similaire", avaient été envoyés à Mme Waters, portant le nombre total de ces paquets à sept.
Personne n'a revendiqué ces envois.
Lire aussi : La campagne de mi-mandat sur le terrain aux Etats-UnisLundi, un engin explosif avait été retrouvé dans la boîte aux lettres de la résidence new-yorkaise du milliardaire George Soros, démocrate notoire devenu une cible des nationalistes américains et européens.
Aucune arrestation n'a été annoncée. Mais le FBI a confirmé que les cinq petits paquets jaunes destinés à Soros, Clinton, Obama, Holder et Brennan étaient "d'apparence similaire", portant plusieurs timbres et une même adresse d'expéditeur: celle de Mme Wasserman Schultz.
- "De la haine dans l'air"
Plusieurs voix ont dénoncé une polarisation de la vie politique américaine depuis l'élection de Donald Trump qui est allée trop loin.
"C'est une période de divisions profondes et nous devons faire tout notre possible pour nous rassembler", a déclaré Hillary Clinton depuis la Floride.
"Nous traversons une période où les gens ressentent beaucoup de haine dans l'air", a déclaré pour sa part le maire démocrate de New York, Bill de Blasio.
Malgré l'appel au rassemblement de M. Trump, et des condamnations de la violence par plusieurs responsables républicains, les chefs démocrates au Congrès ont accusé le président de cautionner la violence. En rappelant qu'il avait traité les médias d'"ennemis du peuple", et tardé à dénoncer les militants d'extrême droite à l'origine de violentes manifestations à Charlottesville à l'été 2017.
"De façon répétée, le président cautionne la violence physique et divise les Américains avec ses mots et ses actes", ont indiqué Nancy Pelosi et Chuck Schumer.
Lire aussi : Trump a déjà 2020 en vueLe président de CNN, Jeff Zucker, a accusé la Maison Blanche d'"incompréhension totale face à la gravité de ses attaques continues contre les médias".
Les États-Unis sont en pleine campagne pour les élections législatives du 6 novembre, dont l'issue sera déterminante pour la suite de la présidence Trump.
L'immigration était jusque-là le thème dominant, alimenté par la marche de milliers de migrants depuis le Honduras vers la frontière mexico-américaine.
Donald Trump, qui enchaîne les meetings à travers le pays, s'est engagé à les stopper. Il a notamment déclaré que les migrants étaient encouragés par les démocrates, et des personnalités conservatrices ont accusé M. Soros de les soutenir financièrement, sans fournir de preuve.
Avec AFP