Tshisekedi fils, opposant, héritier et candidat en RDC

Felix Tshisekedi, chef de la principale opposition congolaise, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), fait des gestes à ses partisans dans la municipalité de Limete, Kinshasa, le 24 avril 2017.

Après le père, le fils, comme souvent en politique: l'opposant Félix Tshisekedi a été investi candidat à l'alternance au pouvoir du président Joseph Kabila, samedi, en République démocratique du Congo, au milieu de grandes manœuvres en prévision du scrutin du 23 décembre.

A 54 ans, Félix-Antoine Tshisekedi, Fatshi pour les intimes, a été plébiscité président et investi candidat de l'Union démocratique pour le progrès social (UDPS), qui a tenu son congrès jusque dans la nuit de vendredi à samedi dans la commune de Limete, à Kinshasa.

Facilement reconnaissable à sa haute taille et sa carrure massive, courtois, à l'écoute, Fatshi prend le relais de son père, Etienne Tshisekedi, le charismatique cofondateur de l'UDPS en 1982 sous la dictature du maréchal Mobutu qu'il avait soutenu au début du régime en 1965.

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Décédé à Bruxelles le 1er février 2017, le "Vieux", originaire du Kasaï (centre), avait déjà en 2011 défié en vain le président Joseph Kabila, réélu pour un second mandat de cinq ans au terme d'un scrutin très contesté.

"Je suis convaincu que l'UDPS arrivera au pouvoir cette année", a déclaré le fils devant 803 délégués, dont 793 ont voté pour lui.

Marié, père de cinq enfants, diplômé en marketing et communication en Belgique, Fatshi rejoint son allié, l'opposant en exil Moïse Katumbi, parmi les opposants et candidats déclarés à la magistrature suprême.

Deux figures de proue

Les deux figures de proue du "Rassemblement de l'opposition" continuent à faire assaut d'amabilité et d'unité. Sur Twitter samedi, M. Katumbi a salué l'élection de son "cher frère", mais pas son investiture : "Félicitations pour ce congrès réussi. Ta brillante élection à la tête de l'#UDPS va renforcer l'unité de l'opposition. Ensemble, nous serons plus forts pour obtenir de vraies élections cette année et en finir pour de bon avec cette dictature!".

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"Merci beaucoup cher frère Moïse. Un grand défi nous attend, j'en suis conscient. Et notre unité, qui donne le tournis à beaucoup de gens, sera la clé de voûte de cette victoire qui est certaine. Ensemble nous sommes, ensemble nous demeurerons", a répondu M. Tshisekedi sur Twitter.

Dans les faits, M. Katumbi, ex-gouverneur du Katanga et richissime homme d'affaires, dispose de la popularité et des moyens nécessaires pour faire campagne, mais ne peut rentrer au pays où il risque la prison après sa condamnation dans une affaire immobilière.

Moins riche, moins populaire, mais bien présent en RDC, M. Tshisekedi s'affiche au pays avec d'autres opposants qu'il a invités au congrès de l'UDPS, dont l'ex-président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe.

M. Tshisekedi, un Luba du Kasaï, doit aussi combler un déficit de charisme par rapport à son défunt père et son "frère" d'armes Moïse Katumbi.

Fin 2017, ses appels à la désobéissance civile, aux journées villes mortes et aux rassemblements se sont essoufflés en RDC où toute manifestation est interdite depuis septembre 2016.

Début 2018, M. Tshisekedi s'est raccroché aux appels des catholiques à trois marches contre le régime de M. Kabila, qui ont rencontré un vrai écho parmi les fidèles.

Avant même son investiture, M. Tshisekedi avait obtenu une première victoire contre le Premier ministre, Bruno Tshibala, qui revendiquait également l'étiquette UDPS. L'"aile Tshisekedi" est bien la dépositaire du nom du parti, a estimé une instance politique, le CNSA.

M. Tshisekedi doit encore organiser les obsèques de son père, dont la dépouille est toujours à Bruxelles, faute d'accord entre les autorités, d'une part, l'UDPS et la famille, d'autre part.

Si tout se passe comme prévu, M. Tshisekedi défiera en fin d'année un candidat issu des rangs de la Majorité présidentielle (MP), puisque le président Kabila ne peut se représenter.

M. Kabila n'a cependant pas dit qu'il quitterait le pouvoir, laissant planer un doute, selon ses adversaires.

Le chef de l'Etat doit devenir dans les prochains mois président du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD), qui doit désigner son propre candidat à la présidentielle.

Plusieurs noms reviennent, dont celui de l'actuel président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku, ou de l'ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo.

En cas d'alternance, M. Tshisekedi évoquait il y a quelques mois devant l'AFP "une commission vérité et réconciliation" pour demander des comptes à M. Kabila et lui permettre de rester au pays.

Avec AFP