Un agriculteur jugé en France pour avoir aidé des migrants à la frontière italienne

Un avocat et un gendarme lors d’un procès dans un tribunal à Paris, 10 mai 2016.

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées mercredi devant le palais de justice de Nice, dans le sud-est de la France, où un agriculteur devait être jugé pour avoir aidé des migrants en situation irrégulière près de la frontière franco-italienne

"Ce que je fais n'est pas un sacrifice, c'est un honneur", a lancé l'agriculteur Cédric Herrou avant l'ouverture de son procès.

"Notre rôle, c'est d'aider les gens à surmonter les dangers, et le danger, c'est cette frontière qui a été établie au nom du terrorisme", a déclaré à la presse l'agriculteur qui dirige une exploitation produisant des olives et des oeufs dans une vallée proche de la frontière, la vallée de la Roya, où s'est mis en place un collectif d'aide aux migrants.

Parmi ses soutiens rassemblés devant le palais de justice, certains portaient des banderoles proclamant "Les frontières sont les cicatrices de la Terre" ou "Tous solidaires".

"Si on est obligé de se mettre en infraction pour soutenir les gens, allons-y!", a déclaré Cédric Herrou.

Soulignant qu'il allait être obligé de se "justifier", il a appelé le représentant de l'État à venir "lui aussi se justifier sur les milliers de mineurs reconduits à la frontière".

Cédric Herrou est jugé pour son rôle présumé dans l'installation, sans autorisation, d'une cinquantaine d'Erythréens dans un centre de vacances désaffecté de la vallée, à Saint-Dalmas de Tende (75 kilomètres au nord-est de Nice).

L'occupation de ce centre avait pris fin avec l'intervention des forces de l'ordre au bout de trois jours.

Le 23 novembre, six mois de prison avec sursis ont déjà été requis à Nice contre un enseignant-chercheur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) poursuivi pour avoir convoyé des Érythréennes venues d'Italie. Le jugement a été mis en délibéré au 6 janvier.

Avec AFP