Un Allemand sur deux se sent "étranger" dans son pays à cause des musulmans

Des militants de l'extrême droite marchent lors d'une manifestation contre le gouvernement en face de la porte de Brandenburg à Berlin, Allemagne, le 12 mars 2016.

Un Allemand sur deux affirme se sentir "parfois comme un étranger" dans son pays en raison de la présence de "nombreux musulmans", selon une étude universitaire dévoilée mercredi qui témoigne d'une poussée des idées populistes dans le pays.

La proportion atteint 50% sur ce point, contre 43% en 2014. Menée par l'université de Leipzig (est) en coopération avec plusieurs fondations, cette enquête montre en outre que 41,4% des personnes interrogées estiment que "les musulmans devraient se voir interdits" de venir en Allemagne (36,6% en 2014).

Un Allemand sur trois (33,8%) estime même que son pays, qui a accueilli en 2015 plus d'un million de réfugiés, est "envahi" par les étrangers "de façon dangereuse".

Dans leur majorité (59,9%), les personnes interrogées jugent que les réfugiés ne sont pas vraiment persécutés dans leur pays d'origine et pour 32,1%, ils sont venus pour profiter des prestations sociales.

A l'est, environ 13% souhaite un leader ("Führer") "qui gouverne dans l'intérêt de tous" (10% à l'ouest). Et entre 25,5% (est) et 21% (ouest) souhaitent un parti unique incarnant le "communauté du peuple", concept tiré de la doctrine nazie.

"De larges pans de la population sont toujours prêts à déprécier et persécuter ce qu'ils perçoivent comme déviant et étranger", écrivent deux des auteurs, Oliver Decker et Elmar Brähler, dont l'étude, menée auprès de 2.420 personnes, note la montée en puissance des idées populistes, portées notamment par le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), critiqué pour sa dérive droitière et ses saillies anti-islam.

"L'extrême droite a trouvé dans l'AfD un nouveau foyer", explique à l'édition électronique du Spiegel M. Decker. "On pense que les nazis et les radicaux d'extrême-droite sont dans les marges de la société. Mais ça n'est pas pertinent, l'idéologie des opinions populistes est très répandue", prévient-il.

Troisième force politique du pays selon les sondages (derrière les conservateurs CDU/CSU d'Angela Merkel et le SPD) l'AfD surfe sur la crise migratoire et est parvenu à entrer dans la moitié des Parlements régionaux, effectuant notamment des percées lors de trois récents scrutins (12% en Rhénanie-Palatinat, 15,1 dans le très peuplé Bade-Würtemberg et même 24,1% en Saxe-Anhalt).

Le principal sondage politique du pays, DeutschlandTREND, dans son édition de début juin, créditait le parti dirigé par Frauke Petry de 15% des intentions de vote aux législatives.

Pour réaliser son enquête - qu'elle effectue tous les deux ans depuis 2002-, l'Université de Leipzig a interrogé au printemps 2016 un échantillon représentatif de la population allemande en âge de voter, de 2.420 personnes.

Avec AFP