Un Béninois saisit la cour constitutionnelle pour demander l'invalidité de l'élection de Patrice Talon

Patrice Talon recevant le rapport des mains du président de la commission, le ministre de la justice Joseph Djogbenou.

Une scène peu ordinaire au Bénin : un citoyen administrateur des sociétés a saisi la Cour constitutionnelle pour demander l'invalidation de l'élection de Patrice Talon.

Même si la demande de ce requérant fait rire, le recours ne manque pas de pertinence. La demande prend appui sur l'achat de conscience qui aurait motivé le vote de certains députés en faveur de la recevabilité du projet de révision de la constitution du Bénin.

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Reportage de Ginette Fleure Adandé, correspondante à Cotonou pour VOA Afrique

L'histoire politique du Bénin retiendra désormais ce nom. Adotevi Andrew, cet administrateur des sociétés, se dit exaspéré par la corruption galopante au Bénin.

Il a saisi l'opportunité des révélations de Rosine Vieyra Soglo sur l'achat de conscience des députés pour saisir la Cour constitutionnelle pour un "recours en invalidité de l'élection de Patrice Talon". Pour les spécialistes des questions de droit, c'est un projet qui ne peut aboutir.

"Un recours ne peut intervenir que s'il est établi que le président a fait une demande", explique Valentin Ahouansou, juriste et observateur de la vie publique.

Pour le requérant, l'achat de conscience qui aurait motivé le vote de certains députés au cours des débats sur la révision ou non de la constitution serait la goutte d'eau de trop. Les députés s'insurgent contre ce qu'ils appellent "diffamation sur le parlement".

"Personne n'a jamais acheté ma conscience", a déclaré Gérard Agenonchi, député à l'Assemblée et membre de la commission des finances.

Et pourtant l'Assemblée nationale a été toujours éclaboussé par ce genre de scandale où les voix les plus autorisées au sein de la société civile ont maintes fois dénoncé la facilité avec laquelle le parlement au lieu de contrôler l'action gouvernementale préfère ne rien voir.

Pour certains Béninois, les députés en tant que représentants du peuple se doivent d'être irréprochables.

Y a t'il eu oui ou non achat de conscience des députés le 4 avril dernier? C'est en apportant les preuves que le requérant pourra donner du poids à la demande déposée devant la cour même si en l'État la cour constitutionnelle ne peut invalider une élection qu'elle a elle-même validée.

Ginette Fleure Adandé, correspondante à Cotonou