Un collectif des exportateurs nationaux de cacao ivoirien pour être "compétitif"

Des employés ramassent des fèves de cacao à Niable, près de la frontière entre la Côte d'Ivoire et le Ghana, le 19 juin 2017.

Un collectif d'exportateurs nationaux de cacao a été mis en place en Côte d'Ivoire, pour réduire les coûts d'exploitation et être plus "compétitif", alors que le pays, premier producteur mondial, connait une campagne cacaoyère 2018 "difficile".

Le Collectif des exportateurs nationaux de cacao (CENCC) qui comprend 12 exportateurs sur les 21 que compte le pays, veut "pouvoir rivaliser" avec les multinationales du secteur, comme le Suisse Barry Callebaut, l'Américain Cargill ou le Singapourien Olam.

Le CENCC veut exporter d'ici la fin de la campagne (en septembre) 350.000 tonnes de cacao.

"On sort d'une campagne difficile (...) en raison des difficultés à être compétitifs parce qu'on travaille individuellement", a expliqué à l'AFP le président du CENCC, Albert C. Diadhiou. "Cette initiative de mutualisation des efforts me semble être quelque chose de nouveau pour aider à résoudre le problème de compétitivité".

"Pris individuellement, on tire les prix de vente vers le bas. Ce qui ne sera plus le cas avec le CENCC qui devra améliorer ses prix de vente sur le marché", a-t-il souligné.

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Au moins 185 milliards de francs CFA, soit près de 280 millions d'euros, ont été perdus par la Côte d'Ivoire dans la mauvaise gestion de sa filière cacao pendant la saison 2016-17, selon un rapport d'audit de KPMG.

La chute des cours avait entraîné des défauts d'une trentaine de petits exportateurs locaux, qui avaient spéculé à la hausse. Plus de 200.000 tonnes de cacao s'étaient retrouvées invendues, sur une production totale annuelle de 2 millions de tonnes, a estimé KPMG.

Le Conseil du café-cacao (CCC), organisme public chargé de la régulation et de la stabilisation de la filière, avait dû intervenir pour reprendre ces contrats, d'où une lourde perte. La directrice générale du CCC avait été limogée à la suite de cette crise.

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KPMG préconise dans son rapport, commandé par le gouvernement ivoirien, de réduire de plus de moitié le nombre d'exportateurs agréés par le CCC, pour ne conserver que ceux qui ont les reins solides. La société d'audit recommande aussi de clarifier la gestion de la filière cacao, décrite comme opaque par de nombreux experts.

La cacao est stratégique pour la Côte d'Ivoire, qui en est le premier producteur mondial, avec 40% du marché. L'or brun représente 10% du PIB ivoirien, 40% des recettes d'exportation et fait vivre 4 millions de personnes (soit un sixième de la population ivoirienne), selon la Banque mondiale.

Avec AFP