Le 15 janvier 2016, un commando de trois assaillants a attaqué avec des armes automatiques des bars et hôtels du centre-ville de la capitale burkinabè Ouagadougou, tuant 30 personnes, majoritairement des étrangers et faisant 71 blessés.
Pendant l'attaque, le trio a "reçu un message d'un des commanditaires qui leur demandait si ça se passait bien, le nombre de morts et s'ils avaient un message particulier à lancer à l'attention de la population et à ceux qui font le jihad comme eux", a expliqué la procureure Maïza Sérémé dans un entretien accordé à l'AFP un an après l'attentat.
"L'appel (message, ndlr) reçu par les jihadistes provient d'un numéro de téléphone syrien mais rien n'indique que ce soit effectivement à partir de la Syrie ou que la personne s'y trouvait, a-t-elle précisé. "Les commanditaires comme les chefs des attaques ne sont pas des Burkinabè. Mais nous ne pouvons pas pour l'instant donner leurs noms", a ajouté la procureure.
L'attaque avait été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui l'avait attribuée au groupe Al-Mourabitoune de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar.
Aqmi avait publié les noms de guerre des trois assaillants tués dans l'assaut: Al-Battar Al-Ansari, Abu Muhammad al-Buqali et Ahmed al-Fulani.
"Nous avons des informations quant à leurs identités et même leurs nationalités mais nous sommes en train de recouper (...)pour avoir leurs nationalités et leurs vraies identités", a indiqué Mme Sérémé.
- complicités locales -
"Nous sommes aussi en attente de certaines expertises que le FBI (Police fédérale américaine, ndlr) doit nous transmettre et certains pays comme le Niger et le Canada et Interpol" qui travaillent "à l'identification des terroristes et sur l'examen des armes, des cartes Sim et des appels émis...", a poursuivi la magistrate.
Trois personnes, un Burkinabè et deux Maliens qui ont été inculpées en juillet 2016 par le juge d'instruction et sont actuellement emprisonnées dans le cadre de l'enquête à laquelle collaborent les Etats-Unis, le Canada, le Niger, le Mali, la France et la Côte d'Ivoire, notamment, selon la procureure.
"Les terroristes ont bénéficié de complicités internes. Il y a eu des repérages bien avant l'attaque par d'autres personnes et non pas les assaillants", a-t-elle précisé.
Les trois assaillant ont attaqué l'hôtel Splendid, le café-restaurant Cappuccino, l'hôtel Yibi et le bar Taxi-Brousse, situé sur l'Avenue Kwamé N'Krumah, la plus fréquentée de Ouagadougou.
"Ils étaient vêtus de manteaux avec des armes cachées sous les manteaux. Ils étaient enturbannés. Ils sont allés directement vers le Cappuccino où ils ont ouvert le feu. Cappuccino était leur cible parce qu'ils savaient que c'était une heure d'affluence et qu'il y avait une multitude de nationalités et surtout beaucoup d'Européens", a ajouté Mme Seremé.
"Ils ont commencé les premiers tirs là-bas, puis ils se sont déplacés à l'Hôtel Splendid où ils ont abattu un Burkinabè. Ils sont revenus sur leurs pas terminer leur sale besogne en donnant le coup de grâce au Cappuccino à ceux qui agonisaient puis ils se sont repliés au Splendid", a-t-elle poursuivi.
A l'hôtel "ils ont visité les chambres, les salles, ils ont tiré, blessé des gens. Après ils sont repartis vers l'hôtel Yibi et à Taxi-Brousse où ils ont détruit leurs téléphones portables et les puces. Ils les ont abandonnés parmi ceux laissés par les clients dans leur fuite pour rendre la tâche difficile. C'est là qu'ils ont été abattus par les forces de sécurité", a expliqué Mme Sérémé.
Dans un communiqué diffusé jeudi en fin d'après-midi, la procureure a rappelé "que l'enquête a permis d'établir des connexions entre les attaques du Radisson Blu au Mali (20 morts), du Burkina Faso et de Grand Bassam (19 morts) en Côte d'Ivoire".
Pays sahélien pauvre d'Afrique de l'ouest jusque-là épargné par les attaques et rapts d'occidentaux, le Burkina est entré depuis avril 2015 dans un cycle d'enlèvements et d'attaques islamistes surtout dans le nord du pays, près des frontières avec le Mali et le Niger, deux pays confrontés depuis 2008 aux attaques jihadistes.
Avec AFP