"Une oasis" pour promouvoir l'entrepreneuriat féminin au Niger

Sur 174 femmes entrepreneures interrogées à Niamey, 75% d’entre elles n’ont jamais suivi de formation, 16 janvier 2018. (Facebook/L'Oasis)

"Si nous sommes accompagnées, nous sommes capables de faire beaucoup de chose", affirme la jeune réalisatrice Aïcha Macky, bavardant avec un groupe de femmes venues assister à l'inauguration de "l'Oasis", un centre dédié à la promotion de l'entrepreneuriat féminin au Niger.

Inaugurée jeudi à Niamey, l'Oasis ambitionne aussi de sensibiliser aux effets des changements climatiques au Niger, vaste pays très pauvre aux deux-tiers engloutis par le désert et souvent victime de sécheresses et d'inondations dévastatrices.

Ce projet est le fruit d'un partenariat entre le groupe français Veolia (multinationale présente dans les secteurs de l'eau, de l'énergie et de la propreté) et Empow'Her, une organisation non gouvernementale basée à Paris qui milite pour "l'autonomisation sociale et économique" des femmes.

"Entreprendre, c'est un vrai défi" au Niger, où les femmes représentent plus de la moitié des 20 millions d'habitants, explique Aïcha Macky, l'ambassadrice de l'Oasis. "Beaucoup de femmes" veulent se lancer dans les affaires, mais "seules, elles ne peuvent pas s'accomplir", car "elles manquent de formation et de compétence".

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Une étude menée par Empow'Her et des ONG locales auprès de 180 femmes entrepreneurs a montré que 75% d'entre elles n'ont jamais eu accès à des formations mais que "plus de 90%" ont émis "le souhait d'y accéder".

- Former 10.000 femmes -

Présente à la cérémonie, Malika Issoufou, l'une des deux premières dames du Niger, a déploré que "les femmes soient les principales victimes de la pauvreté" dans son pays. En décembre dernier, le président Mahamadou Issoufou a révélé que "trois pauvres sur cinq sont des femmes" au Niger.

Stéphane Vatinel, créateur de "la Recyclerie" de Paris, qui a inspiré l'Oasis, pointe "l'univers masculin prépondérant" qui empêche "beaucoup de femmes", mêmes dotées de "compétences" de se lancer dans les affaires.

Pour briser ces obstacles, l'Oasis "va former les femmes" qui ont "besoin de créer un projet" ou qui "veulent développer leur commerce", explique son directeur Abdoul-Salami Cissé.

Julie Abbo, la représentante d'Empow'Her, affiche déjà les ambitions du centre: accompagner 10.000 femmes dans les trois prochaines années et "faire émerger" 15 d'entre elles par an, au sein de l'incubateur de l'Oasis. Environ 3.000 personnes seront parallèlement "sensibilisées" chaque année sur "les enjeux du développement durable", souligne-t-elle.

Dans la cour de l'Oasis, Sani Ayouba, un membre de l'ONG nigérienne "Jeune volontaire pour l'Environnement", arrache les herbes sauvages qui poussent dans un minuscule potager d'une dizaine de planches d'espèces locales.

"C'est un potager éducatif", car l'Oasis s'attache aussi à la protection de l'environnement. "Ici, nous allons montrer aux gens comment faire de la culture bio" et "faire des pesticides à base de piment et de tabac", explique-t-il aux visiteurs.

Et pour confirmer sa touche "écolo", le décor du bâtiment flambant neuf de l'Oasis, situé dans un quartier résidentiel de Niamey, est fait à l'aide de matériaux de récupération: vieux pneus, conserves, tissus, plastiques recyclés, coupures de journaux, bois mort et plaques d'aluminium.... Des panneaux solaires assurent son autonomie en électricité.

Avec AFP