"Les émissions de la radio CCIB FM+ sont suspendues pour une période de trois mois à partir du lundi 2 octobre 2017 suite à la diffusion d'un contenu jugé contraire à l'éthique professionnelle et à la loi régissant la presse", a annoncé le CNC, sans plus de précisions, dans un communiqué de presse daté de jeudi et dont l'AFP a pris connaissance vendredi.
La radio est sanctionnée pour avoir "diffusé le 18 septembre un éditorial qui a déploré le silence de notre gouvernement après le massacre de réfugiés burundais dans la localité de Kamanyola" en République démocratique du Congo (RDC), a expliqué à l'AFP le directeur et rédacteur en chef de CCIB FM+, Eddy Claude Nininahazwe, joint par téléphone.
Le 15 septembre, à Kamanyola (Sud-Kivu), les Forces armées de la RDC ont voulu disperser une manifestation de réfugiés burundais mais, débordées, ont ouvert le feu: au moins 36 réfugiés ont été tués, ainsi qu'un militaire.
Seul le ministre burundais des Relations extérieures avait réagi sur Twitter en demandant des comptes au gouvernement congolais dans les deux jours qui avaient suivi ce drame.
"Nous déplorons une décision hâtive et prise sans aucune concertation alors qu'on n'a violé aucune règle", a poursuivi le responsable de la radio.
"On nous accuse de ne pas avoir équilibré notre éditorial, ce qui nous surprend parce qu'un éditorial est une prise de position d'une rédaction sur un sujet donné et le commentaire est libre selon les règles de notre métier", a-t-il martelé.
Le Burundi traverse une crise violente depuis la décision en avril 2015 du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat controversé, obtenu en juillet de la même année.
Les violences qui ont accompagné cette crise ont fait 500 à 2.000 morts, selon les sources (ONU et ONG) et ont poussé à l'exil plus de 425.000 Burundais. M. Nkurunziza est entré pour la première fois dans le classement des "prédateurs de la presse" de RSF en 2016.
Une centaine de journalistes indépendants ont fui en exil depuis le début de cette crise, des radios indépendantes ont été détruites, les journalistes sont régulièrement arrêtés. L'un d'eux, Jean Bigirimana, est porté disparu depuis plus d'une année.
Avec AFP