Trump accusé de minimiser "la douleur" de Porto Rico

Le président américain Donald Trump parle aux journalistes juste avant son départ pour le golf de Bedminster, New Jersey, le 29 septembre 2017.

Le président Donald Trump était accusé dimanche par des résidents de Porto Rico et des élus américains de minimiser la crise provoquée par le passage de l'ouragan Maria, en refusant de reconnaître des lacunes dans l'acheminement de l'aide.

"Trump vit dans une bulle (...) Qu'il vienne et qu'il voie par lui-même ce qui se passe ici!", s'exclamait Aida Rosario, 57 ans, à la sortie de la messe de la cathédrale de San Juan, dimanche.

Donald Trump est attendu mardi à Porto Rico pour une visite avec son épouse Melania. Samedi, le président américain avait fustigé les critiques sur la gestion de la crise et certains responsables Portoricains qui "veulent que l'on fasse tout pour eux".

"Cela me blesse beaucoup que le président des Etats-Unis s'exprime comme cela. Je ne sais pas s'il a conscience de la douleur des êtres humains", renchérissait Hilda Lopez, une vieille dame à la voix noué par des sanglots.

Dix jours après le passage de l'ouragan Maria sur l'île américaine, une grande partie des habitants de Porto Rico vivent toujours sans électricité, sans accès à l'eau et sans moyens de communication, internet ou réseau téléphonique.

A la chaleur étouffante s'ajoutent les pénuries et la crainte des pilleurs. Les résidents passent leurs journées dans de longues files d'attente pour acheter de la glace, du carburant, de l'eau et la nourriture encore disponible.

Le président américain s'est malgré tout félicité dimanche sur Twitter du "super boulot" accompli par son administration "dans une situation presque impossible" et a qualifié les critiques de "fake news" (fausses informations, ndlr) et "d'ingrats politiquement intéressés".

La maire de San Juan, Carmen Yulin Cruz - que Donald Trump a nommément accusé samedi de faire preuve "d'un leadership médiocre" - a rétorqué que le président semble "cherchait une excuse pour les choses qui ne vont pas".

Les déclarations de Donald Trump ont également donné lieu à de vives réactions à Washington, jusque dans les rangs de son propre parti.

"Quand les gens sont en plein dans une catastrophe, vous ne commencez pas à les critiquer", s'est indigné sur CNN le gouverneur de l'Ohio, John Kasich, ancien rival de Donald Trump dans la primaire républicaine en 2016.

Le sénateur Bernie Sanders, ancien candidat à l'investiture démocrate, a de son côté jugé "inqualifiable" qu'un président "parlant de son club de golf, joue au golf avec ses amis milliardaires (et) attaque la maire de San Juan, qui essaie d'apporter à l'île de l'électricité, de la nourriture, de l'eau, du carburant".

"Je ne sais pas dans quel monde Trump vit", a-t-il ajouté sur CNN.

Le président américain a passé le week-end dans son club de golf de Bedminster, dans le New Jersey, près de New York. Il devait également remettre dimanche le trophée du vainqueur du tournoi de golf de la Coupe des Présidents.

- 'Beaucoup à faire' -

L'administration Trump a envoyé dimanche plusieurs responsables fonctionnaires sur les télévisions américaines pour marteler le message selon lequel les secours avancent d'un bon pas.

"L'administration a fait un travail extraordinaire pour fournir de l'aide et des services aux gens" de Porto Rico, a assuré Gary Cohn, le conseiller économique de la Maison Blanche, sur Fox News. "Nous travaillons à toute vitesse."

Le directeur de l'agence fédérale de secours (Fema), Brock Long, a offert une évaluation légèrement plus prudente, indiquant à la chaîne ABC que "nous avons encore beaucoup à faire". "Nous remportons des succès dans certains domaines et dans d'autres nous subissons des revers", a-t-il reconnu, "mais nous progressons".

La Fema est sous forte pression en raison des ouragans successifs qui ont frappé les États-Unis au Texas et en Floride, en plus de Porto Rico, ces dernières semaines.

Brock Long a souligné que quelque 3.200 routes ou ponts avaient été endommagés à Porto Rico, compliquant la tâche des secouristes.

Le Pentagone a dépêché un navire-hôpital qui doit arriver mercredi à San Juan.

Interrogé sur une éventuelle rencontre avec Donald Trump pendant sa visite, Carmen Yulin Cruz a répondu sur la chaîne ABC: "S'il demande à me rencontrer, bien sûr, je le rencontrerai".

Avec AFP