Violences après l'annulation d'un meeting de Donald Trump à Chicago

Donald Trump a annulé un meeting à l'Université de l'Illinois de Chicago, le 11 mars 2016. (REUTERS/Kamil Krzaczynski)

Des insultes, des bouteilles et des coups de poings ont volé, et les militants du démocrate Bernie Sanders ont scandé des slogans, tandis que la sécurité tentait de séparer les groupes et d'évacuer la salle.

Le milliardaire américain Donald Trump essuyait samedi les critiques nourries de ses adversaires républicains pour sa rhétorique incendiaire après des heurts musclés entre partisans et opposants de l'aspirant à la Maison Blanche en marge d'un meeting annulé à Chicago.

L'homme d'affaires, dont les rassemblements sont de plus en plus le théâtre d'incidents, avait annulé vendredi un meeting dans une université de Chicago après des accrochages entre ses partisans et des manifestants, dont de nombreux afro-américains et hispaniques.

Des insultes, des bouteilles et des coups de poings ont volé, tandis que la sécurité tentait de séparer les groupes et d'évacuer la salle. Les violences ont continué à l'extérieur et la police a procédé à au moins cinq arrestations. Deux policiers ont été blessés.

Sans se joindre à la mêlée, les rivaux républicains de Donald Trump l'ont accusé de récolter les fruits de sa rhétorique musclée.

"Quand vous avez une campagne qui encourage, de manière affirmée, la violence, quand vous avez une campagne qui fait face à des allégations de violence physique à l'endroit des membres de la presse, vous créez un environnement qui ne fait qu'inciter à ce genre de violente discorde", a accusé le sénateur du Texas Ted Cruz, qui pointe en deuxième place, derrière Trump, dans les primaires républicaines.

"Donald Trump a semé la division et il en a récolté les fruits ce soir (vendredi), c'était affreux", a renchéri John Kasich, gouverneur de l'Ohio et jusqu'à présent dernier des quatre candidats toujours en lice à l'investiture républicaine dont le prochain chapitre s'écrira mardi.

Cinq grands Etats (Floride, Illinois, Missouri, Ohio, Caroline du Nord) doivent alors se prononcer lors de ce deuxième "super mardi" qui est peut-être l'une des dernières chances des rivaux de Trump pour lui barrer la route à l'investiture.

D'ici là, Donald Trump doit tenir un meeting samedi à Cleveland (Ohio). Mais un rassemblement prévu le lendemain à Cincinnati a été annulé car le Secret service, chargé de la protection, n'a pu boucler les préparatifs à temps, a annoncé sa campagne locale aux médias américains.

Liberté d'expression

Donald Trump a expliqué avoir décidé de reporter le meeting de vendredi après avoir consulté les forces de l'ordre, une fois arrivé à Chicago. "Je pense que nous avons pris la bonne décision d'annuler", a-t-il dit à CNN, "même si notre liberté d'expression a été totalement violée".

Et a refusé d'assumer la responsabilité des manifestations. "Je n'ai certainement pas incité à la violence", a-t-il dit, rejetant la faute sur des "agitateurs professionnels".

Les manifestants agitaient des pancartes telles que "Trump = haine" ou "Trump est un bouffon", dénonçant le "racisme" du candidat et ses propositions anti-immigrés.

"Nous ne sommes pas des violeurs", pouvait-on lire aussi sur une affiche évoquant des déclarations de Donald Trump comparant les immigrés mexicains à des violeurs.

"Nous avons tous nos différends et nous savons tous qu'il y a beaucoup de gens en colère dans ce pays, mais nous devons traiter cette colère tous ensemble", a réagi la candidate à l'investiture démocrate, Hillary Clinton, voulant ainsi se montrer rassembleuse.

Selon des commentateurs, les heurts de vendredi à Chicago rappellent en quelque sorte les manifestations violentes lors de la convention des démocrates de 1968, dans la même ville du Midwest, dans des Etats-Unis en plein débat sur la guerre du Vietnam.

Appel à "cogner"

Un autre meeting de Trump, plus tôt vendredi à Saint Louis, dans le Missouri, avait été interrompu à de multiples reprises. 32 personnes y avaient été arrêtées, selon la police.

Mercredi, un homme de 78 ans, John McGraw, avait été inculpé après avoir été filmé frappant un manifestant noir lors d'un meeting en Caroline du Nord (sud-est).

Ces scènes, qui ont gagné en intensité ces dernières semaines, font désormais partie intégrale des déplacements publics du milliardaire, qui en joue durant ses discours.

Il a le 1er février enjoint ses partisans à "cogner", promettant de payer leurs frais d'avocat. Le 23 février, il a déclaré qu'il aimerait "donner un coup de poing dans la figure" d'un perturbateur.

"Quand on manifeste il n'y a plus de conséquences, avant il y avait des conséquences", a redit Donald Trump à Saint Louis, en disant qu'il fallait que le pays "se durcisse".

"Honnêtement, c'est plus amusant que d'écouter un discours, n'est-ce pas?" a-t-il asséné.

AFP