La police a lancé vendredi matin des grenades lacrymogène et utilisé des canons à eau contre les manifestants qui commençaient à peine à se rassembler, rapporte un journaliste présent sur le lieu.
Ces derniers ont répliqué par des jets de pierres et en mettant le feu à des pneus. Certains ont déboulonné le panneau d'une rue portant le nom du président Mugabe.
Les policiers ont poursuivi certains manifestants pour les frapper à coups de matraque et menacé les journalistes sur place qui couvraient l'événement.
La situation restait très tendue vendredi dans la journée, la police dispersant tout rassemblement dans le centre-ville d'Harare.
La manifestation qui a pourtant été autorisée par la justice vendredi matin était organisée par 18 partis d'opposition dont certaines figures comme Morgan Tsvangirai du mouvement pour le changement démocratique (MDC) ou Joice Mujuru, ex-vice présidente désormais à la tête du Peuple du Zimbabwe d'abord (ZPF).
Ils réclamaient une réforme électorale en vue des élections générales de 2018. Robert Mugabe, 92 ans, y est candidat à sa propre succession.
"La colère et le désespoir du peuple sont très profonds", a lancé Morgan Tsvangirai.
"Ce régime, qui est à son crépuscule, devrait être sur ses gardes. Plus vous essayez de réprimer les citoyens, plus ils reprennent du poil de la bête", a-t-il poursuivi.
"Ces manifestations vont continuer jusqu'au jour où nous voterons. Nous allons faire la même chose vendredi prochain", a prévenu Didymus Mutasa, un ancien proche de Mugabe devenu cadre du ZPF .
Vendredi, des affrontements ont aussi eu lieu entre des commerçants supporters du parti au pouvoir, la ZANU-PF, qui refusaient de fermer leurs échoppes de rue, et les manifestants.
Les sympathisants de la ZANU-PF ont notamment jeté des pierres aux opposants qui avaient incendié leurs étals.
-Gouvernement inflexible -
Jeudi soir déjà, la police avait mis en garde les manifestants et tenté de les décourager en indiquant que l'affluence attendue (150.000 personnes) risquait de perturber l'activité de la capitale.
La manifestation a cependant été loin de rassembler autant de monde, la police s'échinant à disperser la formation du moindre groupe.
Depuis plusieurs semaines, le Zimbabwe connaît un mouvement de contestation anti-Mugabe d'une rare ampleur qui résiste à la répression du régime.
Les manifestants, principalement issus de la société civile, réclament le départ de Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, qu'ils accusent notamment d'être à l'origine de la faillite économique du Zimbabwe.
Pour l'heure le gouvernement zimbabwéen ne montre pas de signes de faiblesse et déploie la police à chaque rassemblement.
Jeudi, le ministre de l'Intérieur, Ignatious Chombo, a prévenu que le gouvernement resterait inflexible face à ces manifestations qui demandent "un changement de régime" et sont "sponsorisées par l'Occident".
"Le gouvernement est proche du point de rupture dans sa capacité à contrôler la population qui est habituée depuis longtemps à endurer la violence", estime Charles Laurie, analyste politique zimbabwéen.
Selon lui, les manifestants "n'ont plus grand chose à perdre en se mettant en danger pour obtenir des concessions politiques".
Plusieurs ambassades à Harare ont appelé les autorités à respecter les droits de l'Homme et les libertés lors de ces manifestations.
Dans un communiqué, l'ambassade d'Australie a indiqué "partager l'inquiétude de nombreux Zimbabwéens concernant la violence de ces dernières semaines".
"L'usage de la violence est inacceptable quelles que soient les circonstances", précise le texte.
Les dernières élections au Zimbabwe remontent à 2013 où Robert Mugabe l'avait emporté dans un scrutin organisé à la hâte et que l'opposition avait dénoncé comme étant truqué.
Avec AFP