Le vaccin peut leur être administré oralement, dans de la nourriture, donc plus facilement que par injection.
"Ces animaux, si proches de nous, sont menacés d'extinction par des maladies comme Ebola, par la chasse et par la perte d'habitat. Et nous en sommes largement responsables", a souligné l'un des chercheurs, Peter Walsh, de l'Université de Cambridge, dont les travaux sont publiés dans la revue Scientific Reports.
"Nous disposons maintenant de la technologie permettant de les sauver, nous avons l'obligation morale de le faire", a-t-il dit à l'AFP.
Lors de tests menés sur 10 chimpanzés à l'Université de Louisiane à Lafayette, le vaccin - baptisé filorab1 - a montré sa sûreté et produit "une réponse immunitaire robuste" face au virus, selon l'étude.
Ce sérum est basé sur un vaccin déjà ancien destiné à combattre la rage.
Les essais ont été menés avant que les laboratoires publics américains cessent fin 2015 de recourir aux chimpanzés en captivité pour leurs recherches. Cela signifie, pour la suite de ce programme, que les travaux devront se poursuivre sur le terrain pour trouver le meilleur dosage du vaccin, ce qui s'annonce bien plus compliqué qu'en laboratoire.
"Nous devrons utiliser des méthodes non invasives, par exemple étudier à partir des excréments les anticorps produits", a expliqué M. Walsh.
Désormais, l'équipe prépare des appâts contenant le vaccin, à destination des animaux.
Le virus Ebola a été pour la première fois identifié en 1976 au Zaïre - aujourd'hui République démocratique du Congo (RD Congo). Plusieurs épidémies ont affecté la région, le virus étant mortel pour toutes les catégories de primates.
"Il a déjà tué environ un tiers des gorilles", a indiqué M. Walsh: "Quand une épidémie éclate quelque part, 90 à 95% des gorilles du secteur meurent."
Les chimpanzés eux ont perdu des dizaines de milliers d'individus, a-t-il ajouté, tout en soulignant l'impossibilité d'un recensement précis dans un environnement forestier aussi dense.
La plupart des gorilles vivent au Gabon, au Cameroun, au Congo, en République centrafricaine, en Guinée et en RD Congo, les chimpanzés étant pour leur part plus largement répandus sur le continent.
Un tel vaccin aurait en outre l'avantage de contribuer à protéger aussi les humains, dont beaucoup ont été dans le passé contaminés en mangeant des grands singes infectés.
Quant au vaccin pour les hommes, au moins une quinzaine sont en cours d'élaboration dans le monde, dont l'un pourrait être disponible dès 2018, selon l'OMS.
Plus de 11.300 personnes sont mortes lors de la dernière épidémie, qui avait démarré en Afrique occidentale en 2014.