"Même si je souffre de la hausse des prix, j'aime (M. Sissi) et ma confiance en lui est sans limite", lance Mohamed Al Assouad, 46 ans, propriétaire d'une fabrique de chaussettes adjacente à l'immeuble où vivait la famille du chef de l'Etat.
Comme M. Assouad, de nombreux habitants de Gamaliya assurent qu'ils iront voter pour M. Sissi, grandissime favori à l'élection présidentielle prévue du 26 au 28 mars.
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C'est au quatrième et dernier étage de cet immeuble dans l'allée al-Barqouqiya que Sissi passa ses vingt premières années avant de déménager avec sa famille en banlieue de la capitale, à Nasr City, dans les années 1970.
Ici, comme ailleurs dans les rues de la capitale égyptienne, des bannières de soutien au président sont tendues en travers des rues, déroulées sur les façades des immeubles, ou juchées en haut de lampadaires.
Et, comme ailleurs, dans ce quartier résidentiel devenu une petite zone industrielle populaire, les habitants disent avoir subi de plein fouet le train de réformes économiques engagé par le président depuis son arrivée au pouvoir.
Elu avec 96,9% en 2014, à la suite des troubles ayant secoué l'Egypte depuis le soulèvement populaire de 2011, M. Sissi a fait du retour de la sécurité et de la stabilité économique ses priorités.
Répondant aux exigences du Fonds monétaire international (FMI), qui lui a concédé un prêt de 12 milliards de dollars en 2016, Le Caire a fait flotter sa devise et réduit drastiquement les subventions d'Etat, notamment sur l'électricité et les carburants, provoquant une inflation brutale.
'Les gens sont épuisés'
Comme les partenaires internationaux de l'Egypte, certains habitants du quartier sont convaincus de la nécessité de ces réformes. M. Assouad estime ainsi que le pays a souffert des mensonges et gabegies de l'ère Hosni Moubarak, président resté 30 ans au pouvoir avant son renversement en février 2011.
"Nous soutenons n'importe quelle personne qui remettra le pays sur pied", lance Cheikh Hassan, comme le surnomment les habitants du quartier, en sortant d'une petite mosquée où il dirige la prière.
L'homme à la longue barbe noire et en galabeya blanche, par ailleurs propriétaire d'un petit atelier de métallurgie, votera pour le chef de l'Etat sortant mais précise toutefois que "les gens sont épuisés" par la cherté de la vie.
Dans une ruelle étroite où se côtoient plusieurs ateliers de métallurgie, Mohamed Abdel Fattah recouvre d'une couleur dorée des petits cœurs en métal pour une jeune cliente qui l'attend patiemment.
"Je vais voter pour M. Sissi. C'est vrai que la popularité du président a diminué mais il reste apprécié", dit-il.
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A quelques dizaines de mètres de là, dans le souk touristique de Khan al-Khalili, se trouve la boutique d'arabesques qui appartient au père du président et à ses oncles. L'un des fils de ces derniers y travaille toujours mais refuse de parler à la presse.
"Evidemment, je vais aller voter une nouvelle fois pour le président Sissi et j'irai avec mes enfants", promet avec enthousiasme Mohamed Khaled (56 ans), le commerçant voisin.
"Même si je suis épuisé aujourd'hui (par la hausse des prix), je suis optimiste et je sens que le président Sissi apportera le bien avec lui", poursuit-il sur le même ton.
L'issue du scrutin ne fait pas beaucoup de doute, alors que le président Sissi n'affronte aucune concurrence sérieuse. Un seul candidat, Moussa Mostafa Moussa, méconnu du grand public et acquis à la cause du chef de l’Etat il y a encore quelques semaines, s’oppose officiellement à lui.
Les candidats les plus sérieux qui avaient annoncé leur intention de se présenter ont eux soit renoncé, soit été arrêtés.
Avec AFP