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Libération d'un journaliste et d'un leader d'opposition en Ethiopie


Le journaliste Eskinder Nega
Le journaliste Eskinder Nega

Les autorités éthiopiennes ont libéré mercredi un journaliste ainsi qu'un responsable d'opposition, et abandonné les charges contre des blogueurs critiques du gouvernement, dans le cadre d'un vaste programme d'amnisties et de libérations de prisonniers.

"Le juge a dit que les charges ont été abandonnées" contre les blogueurs Befekadu Haile et Natnael Feleke, a déclaré à l'AFP Atnafu Berhane, membre comme eux du collectif Zone 9 et lui aussi poursuivi pour incitation à la violence.

Le journaliste Eskinder Nega et l'opposant Andualem Arage ont quitté mercredi une prison de la capitale Addis Abeba sous les regards d'une centaine de personnes venues les saluer.

>> Lire aussi : Nouveau procès en Ethiopie contre deux blogueurs de Zone9

"La lutte doit continuer", a notamment déclaré M. Andualem. "Il faut que la situation s'améliore pour nous tous, les rayons de la démocratie doivent briller sur l'Ethiopie".

MM. Andualem et Eskinder avaient été condamnés respectivement à perpétuité et à 18 ans de prison, en 2012 dans le cadre de la législation antiterroriste éthiopienne. Ils avaient été accusés d'être liés à un groupe d'opposition exilé aux États-Unis, Ginbot 7, considéré comme une organisation terroriste par le régime éthiopien.

La loi sur le terrorisme est régulièrement dénoncée comme trop vague par les organisations de défense des droits de l'Homme, selon qui les autorités éthiopiennes l'utilisent pour étouffer l'opposition politique et la liberté de la presse.

En 2013, les États-Unis s'étaient dits "profondément déçus" quand la Cour suprême fédérale avait confirmé la condamnation des deux hommes.

Amnesty International a salué leur libération, survenue au lendemain de celle d'un des principaux responsables de l'opposition, Bekele Gerba, tout en appelant le gouvernement à libérer plus de prisonniers politiques.

"Les autorités doivent aussi prendre des mesures pour réformer le système judiciaire sous lequel les détentions arbitraires et les tortures de dissidents ont pullulé", a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe de l'ONG pour l'Afrique de l'Est.

>> Lire aussi : L'Ethiopie a "intensifié la répression des médias", dénonce le CPJ

Ces dernières semaines, les autorités éthiopiennes ont libéré des centaines de prisonniers et abandonné des poursuites, à la suite de la promesse, le 3 janvier, du Premier ministre Hailemariam Desalegn, de libérer un certain nombre d'hommes politiques pour "améliorer le consensus national".

Mercredi, le parquet éthiopien a renoncé à poursuivre deux blogueurs critiques du gouvernement, Befekadu Haile et Natnael Feleke, qui étaient inculpés d'incitation à la violence, a affirmé un membre de leur collectif.

Ce dernier, Atnafu Berhane, également membre du collectif Zone 9, a assuré que le juge avait aussi annoncé que les charges retenues contre lui seraient abandonnées. Cela n'a pas encore été acté en raison d'une erreur administrative, qui devrait être rectifiée d'ici vendredi, selon le blogueur.

Ces libérations, ainsi que des discussions en cours avec certains partis d'opposition et la récente promesse de réformes, s'inscrivent dans un contexte difficile pour la coalition au pouvoir, au sein de laquelle des fractures sont apparues dernièrement.

De nombreux opposants avaient été arrêtés à partir de fin 2015 dans le cadre de la répression des plus importantes manifestations anti-gouvernementales en Ethiopiedepuis 25 ans, qui avait fait au moins 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l'Homme, liée au gouvernement.

Le calme n'était revenu qu'avec l'instauration d'un état d'urgence entre octobre 2016 et août 2017, même si d'occasionnelles manifestations ont encore lieu dans la région oromo.

Avec AFP

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