Oumou Kane, présidente de l’Association multiculturelle pour un avenir meilleur (AMAM), a été condamnée vendredi à trois mois de prison avec sursis pour "participation à un rassemblement non autorisé".
"Oumou Kane a simplement été condamnée pour avoir organisé une manifestation pacifique. Cette condamnation vise à intimider les défenseurs des droits humains et illustre la volonté des autorités de réprimer toute forme de dissidence", indique François Patuel.
Pour le chercheur d’Amnesty International, "personne, ni les organisateurs, ni les manifestants, ne devrait faire de la prison pour avoir exercé son droit à la liberté de réunion pacifique qui est un droit et non un privilège".
M. Patuel recommande plutôt aux autorités mauritaniennes de diligenter une enquête sur le recours à la force dont les forces de police ont fait usage pour disperser les jeunes manifestants le week-end dernier ainsi que sur les arrestations et détentions arbitraires qui ont suivi la manifestation.
"Les responsables présumés de ces exactions doivent être présentés devant la justice dans le cadre d’un procès équitable", plaide-t-il.
La présidente de l’AMAM a été arrêtée le 16 avril dernier à Nouakchott lors d’une marche pour demander aux autorités de prendre des mesures afin d’améliorer les conditions de vie des jeunes et de mettre un terme à leur marginalisation dans l’espace public.
Seize manifestants ont été libérés le soir même.
Les 10 autres, dont deux femmes, ont été placés sous mandat de dépôt le 17 avril et jugés vendredi soir.
La cour a condamné Oumou Kane à trois mois de prison avec sursis et à payer une amende de 5000 Ouguiya (environ 12 dollars) en lui reprochant d’être à l’origine de la manifestation. Les neuf autres activistes ont été acquittés. Tous ont été libérés le 20 avril au soir.