"Je supplie les autorités camerounaises, par humanisme, mais aussi par esprit de rigueur, de mettre un terme au calvaire de notre correspondant", a déclaré Mme Saragosse sur les ondes et le site de la radio publique française très écoutée en Afrique francophone.
Ahmed Abba, correspondant de RFI en langue haoussa à Maroua, chef-lieu de l'extrême-nord du Cameroun, avait été interpellé le 30 juillet et transféré 15 jours plus tard à Yaoundé.
"Je suis inquiète parce que - on l'a appris plus tard - il a été d'abord détenu en secret, puis il a subi des tortures", a commenté Mme Saragosse.
Le journaliste est poursuivi pour "complicité d'actes de terrorisme" et "non-dénonciation d'actes de terrorisme" devant le tribunal militaire de Yaoundé.
Il lui est reproché de ne pas avoir partagé avec les autorités des informations qu'il a collectées sur certains membres du groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui mène des attaques dans le nord du Cameroun.
Le journaliste, qui risque la peine capitale, a plaidé "non coupable".
"Quand on parle d'accusations de cette gravité, elles doivent être étayées", a poursuivi Mme Saragosse. "Aujourd'hui, je dis, il y a un procès le 3 août qui risque d'être encore un procès technique puisqu'au fond, il n'y a pas eu d'instruction, il n'y a pas de liste de témoins, il n'y a pas de dossier."
"Commettre une erreur judiciaire, c'est s'affaiblir face aux terroristes", a-t-elle conclu, affirmant sa "solidarité" avec le Cameroun dans la lutte contre Boko Haram.
Reporters Sans Frontières (RSF) a une nouvelle fois réclamé vendredi "la libération immédiate" du correspondant camerounais de RFI, dénonçant une "détention arbitraire et abusive".