Un député du centre du Kenya a été arrêté samedi par la police pour des "propos incendiaires" susceptibles de lui valoir une nouvelle inculpation pour incitation à la violence, a-t-on appris de sources policières.
Député de l'opposition pour la circonscription de Laikipia-Nord, Mathew Lempurkel "est en garde à vue", a indiqué à l'AFP un responsable policier du commissariat de Naromoru, dans le centre du pays.
"Il est interrogé en raison de propos tenus récemment et demandant à la population locale de prendre les terres des propriétaires blancs" installés dans cette région, a ajouté le responsable policier qui a requis l'anonymat.
Interrogé par la radio Capital FM, le chef de la police kényane Joseph Boinnet a confirmé l'arrestation du député pour "des propos incendiaires destinés à alimenter la haine de l'autre".
Plusieurs médias locaux ont rapporté que Raila Odinga, leader de l'opposition et candidat à la présidentielle du 8 août face au président sortant Uhuru Kenyatta, était présent au rassemblement public où M. Lempurkel aurait tenu ces propos. Le député devrait comparaître lundi devant un juge pour une éventuelle inculpation.
La région de Laikipia, sur les contreforts du Mont Kenya, est le théâtre depuis plusieurs mois d'invasions illégales de ranchs et réserves animalières privées par des milliers d'éleveurs - certains armés de lances, d'autres d'armes automatiques - à la recherche de pâturages pour leur bétail alors que le pays a une nouvelle fois été frappé par la sécheresse.
Début mars, M. Lempurkel avait été inculpé pour des motifs similaires après avoir, selon l'accusation, encouragé des invasions de terres. Fin 2016, il avait déclaré à une station de radio locale: "Il n'y a pas de terrain privé à Laikipia-Nord. Personne ne manquera d'herbe tant que je serai député".
Les raisons de la récente invasion de ranchs et réserves privées de Laikipia sont complexes. Certains évoquent la sécheresse ou une augmentation de la taille des troupeaux, d'autres assurent que l'approche des élections générales du 8 août et des accaparements de terres à répétition ont attisé les tensions.
A l'approche des élections, certains hommes politiques n'hésitent pas à jouer de ces divisions et à instrumentaliser la sensible question foncière au Kenya en vue de se faire (ré)élire.
Les violences dans cette région ne se limitent pas à l'occupation de grandes propriétés foncières. Les vols de bétail souvent meurtriers entre communautés d'éleveurs semi-nomades sont très courant et ont fait déjà plusieurs dizaines de victimes, parmi lesquelles des policiers dépêchés sur place en renfort.
Avec AFP