Le Soudan, l'Egypte et l'Ethiopie ont repris mardi par visioconférence leurs discussions, interrompues depuis le début de l'année, alors qu'Addis Abeba a fait part de son intention d'entamer prochainement le remplissage du réservoir.
Reprises à l'initiative de Khartoum, ces négociations "arrivent avec trois semaines de retard", a estimé la présidence égyptienne dans un communiqué.
"Un calendrier doit être fixé pour finir les négociations", a-t-elle indiqué, dénonçant "une nouvelle tactique (de l'Ethiopie) pour retarder et éviter ses responsabilités".
"Il a été convenu de poursuivre les réunions quotidiennes, sauf vendredi et dimanche, pour parvenir à un consensus sur les points restants", a déclaré le ministre soudanais de l’Irrigation Yasser Abbas aux journalistes à Khartoum mardi.
"Cela fait partie intégrante des négociations... il n’y a pas d’autres détails, mais c’est l’essentiel de ce dont nous avons discuté", a-t-il ajouté à l’issue d’une réunion de cinq heures entre les trois ministres de l’irrigation et de l’eau par téléconférence.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a déclaré lundi aux députés que son pays allait comme prévu commencer à remplir le réservoir du barrage.
"Le barrage est un projet qui sortira l'Ethiopie de la pauvreté", a-t-il dit en ajoutant que son pays "souhaite se développer avec les autres, sans heurter les intérêts des autres pays".
Appelée à devenir la plus grande installation hydroélectrique d'Afrique, le Grand barrage de la Renaissance (Gerd) que l'Ethiopie construit sur le Nil Bleu --qui rejoint au Soudan le Nil Blanc pour former le Nil-- est une source de fortes tensions entre Addis Abeba et Le Caire depuis 2011.
La présidence égyptienne a rappelé les "obligations juridiques de l'Ethiopie", non respectées selon elle.
Des observateurs des Etats-Unis, de l'Union européenne et d'Afrique du Sud devaient assister à la rencontre mardi entre les ministres de l'Irrigation et de l'Eau des trois pays par visioconférence.
Après neuf années de blocage dans les négociations, les Etats-Unis et la Banque mondiale parrainent depuis novembre 2019 des discussions visant à trouver un accord entre les trois pays.
Le Soudan et l'Egypte craignent que le barrage de 145 mètres de haut ne restreigne leur accès à l'eau lorsque le réservoir commencera à être rempli en juillet, selon la date initialement indiquée par l'Ethiopie.
Mais si l'Egypte s'inquiète en particulier pour son approvisionnement en eau, le Soudan pourrait en tirer certains avantages comme la fourniture d'électricité utile au développement et la régulation des crues du fleuve.
Le Nil, qui coule sur quelque 6.000 kilomètres, est une source d'approvisionnement en eau et en électricité essentielle pour une dizaine de pays d'Afrique de l'Est.