La CADHP "ordonne à l'Etat de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de lever immédiatement tous les obstacles empêchant M. Soro de jouir de ses droits d'être élu et d'être élu notamment lors de la présidentielle d'octobre 2020", selon le texte de l'ordonnance publié sur son site internet.
Lundi, le Conseil constitutionnel ivoirien a refusé 40 des 44 candidatures à la présidentielle d'octobre dont celles de M. Soro ou de l'ancien président Laurent Gbagbo. Elle a en revanche validé la candidature à un troisième mandat controversé du président sortant Alassane Ouattara.
La Côte d'Ivoire a "retiré sa déclaration de compétence" à la CADHP - dont le siège est à Arusha - en avril 2020 et de fait se désintéresse depuis de ses décisions. Ce retrait était justement intervenu après que la Cour ait ordonné de suspendre les procédures judiciaires à l'encontre de M. Soro, qui l'avait saisie.
M. Soro a été condamné mardi à 20 ans de prison pour "recel de détournement de deniers publics". Il est aussi accusé de "tentative d'insurrection".
Abidjan avait accusé la cour de porter "atteinte à la souveraineté de la Côte d'Ivoire, à l'autorité et au fonctionnement de la justice" et de "saper les bases de l'Etat de droit par l'instauration d'une véritable insécurité juridique"
Saisie par l'opposition, la Cour africaine avait également demandé l'année dernière à la Côte d'Ivoire de réformer sa commission électorale en vue de la présidentielle.
Les autorités avaient été très lentes avant de mettre en place une réforme critiquée par l'opposition, qui avait à nouveau saisi la Cour.
Mardi, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire de l'ancien président Henri Konan Bédié, dont la candidature a été validée et qui s'annonce comme le principal adversaire du président Ouattara, a déclaré mardi qu'il ne participera pas aux élections des bureaux des commissions électorales locales, le 15 septembre.
Depuis des mois, l'opposition met en cause la Commission électorale indépendante (CEI), l'accusant d'être inféodée au pouvoir.
La crainte de violences meurtrières à l'approche du scrutin du 31 octobre est forte, dix ans après la crise née de la présidentielle de 2010, qui avait fait 3.000 morts après le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaitre sa défaite électorale face à Alassane Ouattara.