Premier employeur privé du pays, dont les actifs sont estimés à quelque 500 millions de dollars, le fonds d'investissement est présent dans presque tous les secteurs de l'économie: de l'agroalimentaire à la sécurité privée en passant par l'immobilier et le BTP.
Crystal Ventures est née sous le nom de "Tristar" en 1995, un an après la prise de pouvoir du FPR de Paul Kagame, qui venait de renverser le régime hutu extrémiste et de mettre un terme au génocide qui a fait environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Les caisses de l'Etat étaient vides et l'économie exsangue mais les autorités ne souhaitaient pas attendre le retour du secteur privé pour sa reconstruction. "Nous voulions voir un changement dans notre pays, où personne ne voulait investir", a justifié M. Kagame en mars, lors d'un sommet sur l'investissement en Afrique.
Pour créer sa propre société et de la sorte stimuler son économie, le FPR a puisé dans son trésor de guerre accumulé entre 1990 et 1994, alimenté notamment par les contributions de la diaspora tutsi.
Vingt-deux ans plus tard, Crystal Ventures reste entouré d'une certaine opacité. Sur son site internet, la société se limite a indiquer qu'elle choisit des investissements qui "vont avoir un impact significatif sur le paysage socio-économique".
En 1998, Crystal Ventures s'est alliée avec le géant sud-africain MTN afin de mettre sur pied un réseau téléphonique au Rwanda. Et si le fonds d'investissement s'est retiré en 2015 de ce secteur en cédant ses parts dans MTN Rwanda, sa mainmise sur l'économie rwandaise fait l'objet de nombreuses critiques.
L'économie "est dominée par le parti (au pouvoir) et des intérêts autour du parti", assure un diplomate occidental sous couvert de l'anonymat, évoquant aussi un autre important conglomérat rattaché au ministère rwandais de la Défense, Horizon Group, dont l'une des branches est le leader national du secteur de la construction.
Notant que le Rwanda tente d'attirer les investisseurs étrangers, le diplomate souligne: "nous ne sommes pas sûrs que le secteur privé soit aussi libre et transparent qu'il devrait l'être". Et de prendre l'exemple de secteurs comme celui de la laiterie, dominé par Crystal Ventures, qui ne laisse qu'une place congrue à la concurrence.
M. Kagame se défend toutefois de tout favoritisme dans les appels d'offre. "Je mets au défi quiconque d'apporter des faits" pour soutenir ces accusations, avait-il tancé en mars.
Avec AFP