Les détracteurs du magnat de l'immobilier se sont donné rendez-vous dès le matin pour une journée complète de rassemblement devant le "Trump International Hotel", dont le nom s'affiche en grandes lettres dorées sous le soleil qui inonde Pennsylvania avenue.
Sans annoncer sa visite, le candidat républicain à la présidentielle est parvenu à éviter ce comité de protestataires pour une photo de groupe avec ses employés, dans l'immense hall décoré d'un lustre géant.
"Je me suis arrêté à Trump DC pour remercier tous ces hommes et femmes fantastiques pour leur dur labeur", a ensuite tweeté le nabab en campagne, en utilisant les initiales du district de Columbia, l'autre nom de la capitale fédérale.
Sur le trottoir devant l'édifice historique centenaire, dont la tour de l'horloge culmine à près de 100 m d'altitude, les sons de cloche sont bien entendus différents.
"Cet hôtel représente l'oppression des travailleurs. Il creuse le fossé entre les riches et pauvres en Amérique. Il symbolise les inégalités économiques que nous subissons au quotidien", assure à l'AFP Martha Neuman, une militante de l'ONG CODEPINK.
Luxe choquant ?
"Cet hôtel de luxe n'est pas le bienvenu dans une ville où 40.000 personnes sont sur liste d'attente pour obtenir un logement social", poursuit la jeune femme, qui finance ses études avec un double-emploi précaire.
Les manifestants autour d'elle se disent choqués par la débauche de richesses de ce palace, aux chambres équipées de lits à baldaquin et dont le bar servira des grands crus dans des cuillères et du champagne aux bouteilles sabrées en public.
Le client devra débourser 700 dollars minimum pour la chambre la moins chère et, selon le New York Times, 18.750 dollars pour la "Trump Townhouse", qui dispose d'une salle à manger de 24 couverts.
Et encore! Cette suite d'environ 600 m2, avec entrée privée, coûtera 100.000 dollars par nuit --avec réservation de cinq nuits minimum-- le 20 janvier 2017, quand prêtera serment le futur président des Etats-Unis.
Qu'il s'agisse d'Hillary Clinton ou de Donald Trump, l'heureux vainqueur sera un voisin. La Maison Blanche n'est qu'à six pâtés de maison du "Trump International Hotel", lui même situé sur l'axe stratégique qui relie l'édifice présidentiel au Capitole, siège du parlement.
De nombreux habitants de Washington --un bastion démocrate-- regrettent que Donald Trump ait décroché un contrat de 60 ans lui permettant de transformer le Old Post Office --l'ancien bâtiment de la poste-- en un palace, au terme d'un investissement dépassant 200 millions de dollars.
Mais c'était en 2012, bien avant que le trublion des affaires lance sa course victorieuse pour remporter l'investiture républicaine. Et bien avant qu'il profère ses outrances à l'encontre des migrants hispaniques ou des musulmans.
Ces déclarations provocatrices lui ont en tout cas fait perdre José Andrés et Geoffrey Zakarian, deux chefs réputés qui s'étaient engagés à venir cuisiner dans le palace et qui se sont ravisés. Une affaire qui a quitté l'ambiance ouatée de la haute gastronomie pour rejoindre l'atmosphère plus froide des tribunaux.
Avec AFP