"Vous avez vu ce qu'il se passe depuis deux semaines, et encore, on n'est même pas encore en poste!" a lancé Donald Trump à des milliers de partisans dans une grande salle à Fayetteville, en Caroline du Nord, la deuxième étape de sa tournée de remerciement engagée la semaine dernière.
Le républicain de 70 ans a été élu il y a quatre semaines exactement.
Donald Trump avait annoncé quelques heures plus tôt que le PDG du géant japonais des télécommunications SoftBank, Masayoshi Son, était "d'accord" pour investir 50 milliards de dollars aux Etats-Unis, avec 50.000 emplois à la clé selon lui, dans de jeunes pousses du secteur des hautes technologies.
Le milliardaire japonais se trouvait à la Trump Tower pour cette annonce aux contours encore flous. Foxconn, grand sous-traitant taïwanais d'Apple, est apparemment un co-investisseur, selon une feuille de papier brandie par le Japonais, qui a par ailleurs dans une interview au Wall Street Journal expliqué que l'argent viendrait d'un fonds technologique créé conjointement avec le fonds souverain saoudien.
Malgré le manque de détails, l'action de SoftBank Group a bondi de 5% à l'ouverture de la Bourse de Tokyo mercredi.
Quoiqu'il en soit, les partisans du républicain voyaient dans cette annonce un premier résultat de la méthode Trump.
Comme en campagne, le 45e président des Etats-Unis, qui succédera à Barack Obama le 20 janvier, a savouré l'adulation de ses partisans, habillés de T-shirts et casquettes à son nom. Des milliers de sièges sont toutefois restés vides, et l'ambiance générale était moins électrique que lors de la dernière venue du candidat ici-même en août.
"Nous vaincrons l'ennemi sur l'emploi", a déclaré Donald Trump dans un discours de 36 minutes, après avoir une nouvelle fois dénoncé la politique commerciale de la Chine et les délocalisations industrielles. "Ce doit être comme une guerre pour nous".
- 'L'enragé' -
Le meeting de Fayetteville, tout près de la grande base militaire de Fort Bragg, fut aussi l'occasion pour le président élu de présenter en chair et en os le général James Mattis, surnommé "l'enragé", et à qui il veut confier l'immense département de la Défense.
Mais le Congrès devra auparavant voter une dispense d'une loi qui interdit aux militaires de diriger le Pentagone dans les sept années suivant leur retraite; or le général Mattis a remis son uniforme en 2013, et des démocrates refusent de faire une exception.
"Oh, s'il ne reçoit pas sa dispense, il y aura beaucoup de gens pas contents", a menacé Donald Trump.
Mais tout en promettant une relance extraordinaire des dépenses militaires, il a adopté une posture moins interventionniste, évoquant la nécessité de "tisser de nouvelles amitiés", un clin d'oeil possible à Moscou.
"Ce cycle destructeur d'interventions et de chaos doit enfin se terminer", a-t-il lancé après avoir déploré le coût des interventions américaines au Moyen-Orient.
- Trump reste Trump -
Depuis son élection, Donald Trump a annoncé avoir poussé le fabricant américain de climatiseurs Carrier à renoncer à délocaliser l'une de ses usines au Mexique, et il a menacé mardi Boeing d'annuler la commande de nouveaux avions présidentiels Air Force One, considérés comme trop chers.
Ses partisans applaudissent, heureux de constater que leur candidat s'est mué dans la peau du président sans avoir renié son côté iconoclaste.
"Il peut être un grand leader, il l'a déjà prouvé depuis une semaine", se réjouit Maria Moore, 37 ans, mère au foyer.
Après Carrier, "aujourd'hui il a eu la banque chinoise Sunbank, 50.000 emplois, c'est super", se félicite Joann Chylinski, la soixantaine, en confondant certains détails.
Mais à quelques dizaines de kilomètres, en Caroline du Nord, cette tournée de remerciement ne faisait rien pour panser les plaies du pays.
"C'est pour faire plaisir à son ego", se lamente un banquier à la retraite, Steve Plummer, à Lillington. "Il fait semblant de vouloir rassembler le pays", dit ce démocrate dépité. "C'est un comble, car c'est lui la cause des divisions".
Sur la forme, Donald Trump n'a pas changé ses habitudes de communication, continuant à tweeter activement. Et sur le fond, dans de nombreux dossiers, il continue de cultiver l'ambiguïté, refusant de dévoiler ses cartes avant les négociations avec le Congrès et ses futurs partenaires internationaux.
"Le scénario de ce que nous faisons n'est pas encore écrit", a-t-il dit peu avant la fin de son meeting.
AvecAFP