"Il y a 23 arrestations, dont Moussa Tchangari, Nouhou Arzika, Me Lirwana Abdourahamane et Ali Idrissa", quatre principales figures de la société civile, a précisé à l'AFP le ministre nigérien de l'Intérieur Bazoum Mohamed.
La manifestation de dimanche "a été interdite pour des raisons de sécurité" mais ses organisateurs "ont passé outre", a expliqué le ministre, soulignant qu'"ils (les manifestants) ont incité et provoqué des troubles à l'ordre public (...) ils sont en rébellion pour avoir jugé l'arrêté d'interdiction des autorités illégal".
Dimanche soir, la police a ordonné la fermeture du groupe privé de radio-télévision Labari, appartenant à Ali Idrissa, selon ses responsables.
Selon le ministre Bazoum, ce média a montré "en direct les pneus qui brûlent dans la rue" et "a appelé les gens à sortir" et "a passé un message subversif de révolte".
La radio et la télévision visées resteront "fermées jusqu'à nouvel ordre", a-t-il dit.
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Des heurts ont éclaté dimanche après-midi à Niamey entre les forces de l'ordre et des manifestants qui voulaient braver l'interdiction par les autorités d'une manifestation contre la loi de finances 2018 "antisociale".
Depuis octobre 2017 et la préparation du budget 2018, un collectif de la société civile et l'opposition politique organisent régulièrement des manifestations à Niamey et dans les grandes villes du pays pour demander "l'abrogation" de la loi de finances.
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Les protestataires reprochent au gouvernement d'avoir créé de nouvelles taxes et de nouveaux impôts qui vont "presser le peuple" et surtout d'avoir "accordé des cadeaux fiscaux d'une vingtaine de milliards de francs CFA (une trentaine de millions d'euros)" aux compagnies de téléphonie.
A l'appel des partis de la mouvance présidentielle, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté le 4 mars dans la capitale et à l'intérieur du pays, pour "soutenir le président nigérien" Mahamadou Issoufou.
Le ministre des Finances, Hassoumi Massoudou, avait affirmé fin février que, contrairement à ce qu'avancent ses détracteurs, le budget 2018 ne contient "pratiquement aucune mesure" affectant "les campagnes", où vivent 80% des 20 millions de Nigériens, en majorité pauvres.