Face à la décision du gouvernement d'interdire les manifestants anti-Déby mais de laisser les manifestations de soutien au parti présidentielle, la société civile dénonce la politique de deux de poids, deux mesures.
L’article 27 de la loi fondamentale qui garantit les libertés d’opinion, d’expression et de manifestation n’est pas appliqué à tous.
Toutes manifestations qui n’arrangent pas le parti au pouvoir sont interdites ou réprimées.
Contre toute attente, le même gouvernement a autorisé une société civile proche du pouvoir "Touche pas à mes acquis", d’organiser une manifestation hostile aux Américains, le 26 novembre dernier.
En réaction, six organisations de la société civile se constituent en un collectif et entendent descendre dans la rue.
"Le fait d'avoir autorisé cette manifestation grotesque montre une injustice flagrante et arbitraire contre nos préavis de marche systématiquement interdits", a déclaré Mahamat Nour Ibedou, porte-parole.
"La société civile a décidé d'organiser des marches pacifiques et des actions citoyennes contre les mesures antisociales", a-t-il ajouté.
Avec cette situation, le Tchad est en train de basculer vers un régime totalitaire, estime le politologue et enseignant chercheur, le docteur Evariste Ngarlem Tolde.
"Nous sommes face à un régime totalitaire car nous voudrions bien savoir qui a autorisé la coalition Touche pas à mes acquis de manifester et quel ministre qui interdit aux autres de ne pas manifester".
Le ministre de la Sécurité publique Ahamat Mahamat Bachir ne reconnait pas avoir autorité une manifestation publique et menace de réprimer toute personne qui tenterait de troubler l’ordre public.
"Aucun autorisation de marcher sur la voie publique a été délivrée à qui que ce soit", a déclaré le ministre à VOA Afrique.
"La manifestations dont on parlé la société civile était dans une salle fermée", a expliqué le ministre.
Pour Evariste Ngarlem Tolde, le ministre de la Sécurité publique est en train de provoquer les Tchadiens.
"La société civile sera obligée de braver l'interdiction et d'exprimer son mécontentement face à ses mesures antisociales", a-t-il souligné.
Les syndicalistes, quant à eux, se réservent le droit de descendre dans la rue si le président Déby maintient sa décision de geler les avantages de tous travailleurs pour les ramener aux années d’avant pétrole.
André Kodmadjingar, correspondant à N’Djamena