L'Iran va lancer l'achat de 114 Airbus lors de la visite mercredi du président Hassan Rohani en France, première annonce commerciale d'envergure depuis la levée des sanctions internationales intervenue avec l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire.
"Lors de la visite en France du président, le contrat pour l'achat de 114 Airbus sera signé", a déclaré dimanche le ministre iranien des Transports Abbas Akhoundi. Il n'a pas donné de détails sur le modèle de ces avions, le montant du contrat et le calendrier de leur livraison.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole d'Airbus n'a pas souhaité commenter cette annonce faite à Téhéran.
La signature d'un accord se concrétise habituellement en plusieurs étapes, dont celles d'une "lettre de motivation" ou d'un "protocole d'accord", ce qui pourrait être le cas lors du déplacement de M. Rohani à Paris.
Se rendant d'abord en Italie à partir de lundi, le président Rohani effectuera sa première visite officielle en Europe. Elle avait été initialement prévue en novembre avant d'être repoussée à la suite des attentats jihadistes meurtriers de Paris du 13 novembre.
Cette visite aura une forte dimension diplomatique, mais aussi économique car Rome et Paris affichent leur volonté de reprendre leur place de partenaires de premier plan de Téhéran qu'ils occupaient avant le renforcement des sanctions en 2012. M. Rohani sera accompagné de nombreux hommes d'affaires.
L'aéronautique représente un secteur clé pour les Européens car l'Iran, peuplé de de près de 79 millions d'habitants, doit renouveller et développer sa flotte vieillissante, notamment de la compagnie nationale Iran Air.
"Nous avons besoin de 400 avions long et moyen courrier et de 100 avions court courrier", a précisé dimanche le ministre des Transports.
L'Iran possède actuellement 256 avions dont "150 sont opérationnels actuellement (...) et avec une moyenne d'âge d'environ 20 ans", selon M. Akhoundi.
L'entrée en vigueur de l'accord nucléaire a permis la levée d'une grande partie des sanctions internationales, notamment européennes et surtout américaines, décrétées il y a 36 ans, qui empêchaient l'Iran d'acheter des avions neufs.
Le 11 novembre, M. Rohani avait déclaré, dans un entretien à France 2 et Europe 1, que son pays allait "probablement" acheter des Airbus après la levée des sanctions.
Négociations avec Boeing
L'annonce de ce contrat a été faite alors que les représentants de 85 compagnies d'aviation étrangères sont réunies à Téhéran pour participer au sommet de l'aviation Iran 2016, organisé par CAPA (Centre for Aviation), un groupe de conseil et d'analyse en matière d'aviation.
"C'est un moment passionnant. Il n'y a eu jamais de situation semblable dans l'histoire" avec des perspectives de "croissance rapide" pour le marché iranien, a déclaré Peter Harbison, le patron de Capa.
"L'aéronautique est l'un de ces secteurs qui créent d'importants flux de bénéfices, comme dans le tourisme, une industrie qui nécessite des infrastructures, dont des hôtels", a-t-il expliqué à l'AFP.
L'Iran est également bien positionné pour les liaisons intercontinentales entre l'Europe et l'Asie, a ajouté Ahmad Reza Bayati, secrétaire général de la réunion.
M. Akhoundi a par ailleurs annoncé que l'Iran négociait aussi avec le constructeur américain Boeing, principal rival d'Airbus, pour l'achat d'avions.
Il a également indiqué que des discussions étaient en cours avec Washington pour rétablir les liaisons directes aérienne entre l'Iran et les Etats-Unis, stoppées depuis la révolution islamique de 1979.
Mais M. Harbison a souligné que malgré "l'enthousiasme" suscité, les changements ne se produiront pas rapidement car "ils nécessitent d'importants investissements financiers et de solides et transparentes réglementations".
Seuls neuf des 67 aéroports que possède l'Iran sont actuellement pleinement opérationnels, et "nous avons besoin de petits appareils court courrier" pour augmenter ce nombre, a déclaré le ministre.
Par ailleurs, toujours dans le domaine des transports, M. Akhoundi a annoncé la signature d'un contrat d'un montant de 2 milliards de dollars avec la Chine pour électrifier le chemin de fer entre Téhéran et Machhad (nord-est), la seconde ville du pays distante de 1.000 kilomètres de la capitale.
AFP