"Je fais l'objet d'une nouvelle enquête", a annoncé le patron de l'extrême droite italienne et homme fort du gouvernement en marge d'une conférence de presse. "Nous y revoilà !"
L'affaire porte sur les 47 migrants secourus le 19 janvier au large de la Libye par le navire de l'ONG allemande Sea-Watch, qui n'ont pu débarquer à Catane, en Sicile, que le 31 janvier, après un accord de répartition avec sept autres pays européens.
Malgré les menaces d'arrestation et de poursuites judiciaires lancées par M. Salvini contre l'équipage, le parquet de Catane avait rapidement assuré n'avoir relevé aucun délit.
En revanche, le parquet de Siracuse, port sicilien en face duquel le navire s'est abrité du mauvais temps du 24 au 30 janvier, a ouvert une enquête pour séquestration et a inscrit le ministre comme suspect.
M. Salvini avait déjà fait l'objet de poursuites pour séquestration de personnes pour avoir interdit plusieurs jours en août le débarquement de dizaines de migrants conduits à Catane par le navire Diciotti des garde-côtes italiens.
Dans cette affaire, le Sénat a bloqué en mars la tenue d'un procès, comme les parlementaires en ont le pouvoir quand ils considèrent qu'un ministre a agi dans le cadre de ses fonctions et dans l'intérêt supérieur de l'Etat.
"Je ne sais pas s'il faut en rire ou pas", a déclaré M. Salvini à propos de la nouvelle enquête. "Mais aux juges qui décideront et à mes collègues ministres qui ont exprimé des doutes ces dernières heures, je répète que les ports italiens sont et resteront fermés".
Alors que les services de renseignement italiens mettent en garde contre le risque de nouveaux départs de Libye du fait des combats qui y font rage, plusieurs ministres issus du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), allié gouvernemental de M. Salvini, ont remis en cause la position de M. Salvini.
"Fermer les ports est une mesure occasionnelle, c'est efficace dans certains cas quand il faut secouer l'UE", a estimé le vice-Premier ministre Luigi Di Maio. "Cela marche pour le moment mais en cas d'intensification de la crise, cela ne suffira pas".
"Si on en arrive à une guerre (en Libye), nous ne recevrons pas des migrants mais des réfugiés. Et les réfugiés doivent être accueillis", a martelé la ministre de la Défense, Elisabetta Trenta.
A quoi M. Salvini a répliqué d'un cinglant: "L'ordre public, la sécurité et la défense des frontières, je m'en occupe moi".