Aujourd'hui, "nos sociétés sont nombreuses à afficher un attachement moins farouche à leur système pluraliste et une plus grande tolérance à l'égard du populisme", s'inquiète le secrétaire général de l'organisation paneuropéenne, le Norvégien Thorbjørn Jagland, dans son rapport annuel sur l'état de la démocratie, rendu public jeudi.
Ces tendances populistes, souligne M. Jagland, émanent non seulement de certaines personnalités politiques, mais également de certains médias. Cela oblige à la vigilance pour préserver l'état de droit et les libertés fondamentales, au lieu de les considérer comme acquises une fois pour toutes, ajoute-t-il.
"Il est particulièrement préoccupant de voir que certains gouvernements contestent ouvertement les règles constitutionnelles et passent outre à leurs obligations internationales en matière de protection des droits de l'homme", estime M. Jagland dans ce rapport intitulé "Populisme - Le système de contre-pouvoirs est-il suffisamment puissant en Europe?".
La Russie figure parmi les États membres où "la primauté du droit international sur le droit interne a été contestée", à travers une loi adoptée de décembre 2015 qui place l'autorité de la Cour constitutionnelle russe au-dessus de celle de la CEDH.
Le rapport est également sévère avec la Turquie, critiquant entre autres l'emprisonnement de journalistes et les violences à leur encontre lors de manifestations, ainsi que la dissolution d'organismes privés soupçonnés de liens avec le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen. Il pointe aussi les restrictions à l'encontre des activités des ONG en Hongrie, en Russie et en Turquie.
Quant au souhait du président turc Erdogan de réintroduire la peine de mort, il constitue selon M. Jagland "automatiquement une tendance populiste" et un point sur lequel "aucun compromis n'est possible, sinon le Conseil de l'Europe risque de tomber en miettes".
Avec AFP