"M. Hailemariam a dit avoir fait tout son possible pour résoudre les problèmes de l'Ethiopie", mais a aussi "assuré penser que sa démission est une solution à ces problèmes", a indiqué la radio d'Etat Fana sur sa page Facebook officielle, précisant que le Premier ministre restera toutefois en poste jusqu'à ce que le "transfert de pouvoir" soit finalisé.
M. Hailemariam "a remis sa lettre de démission", a ajouté Fana sur son compte Twitter, soulignant que cette dernière avait été acceptée par le comité exécutif de la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), mais qu'elle doit encore être approuvée par le Conseil de l'EPRDF et par le parlement, ce qui devrait n'être qu'une simple formalité.
En poste depuis 2012, M. Hailemariam avait été adoubé dès 2010 comme le successeur de Meles Zenawi, l'ancien rebelle qui a régné jusqu'à sa mort sur l'Ethiopie après avoir renversé le dictateur Mengistu Hailé Mariam en 1991.
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La passation de pouvoir s'était déroulée en douceur, mais en 2015 et 2016, l'Ethiopie a été le théâtre des plus importantes manifestations anti-gouvernementales depuis 25 ans. Leur répression a fait au moins 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l'Homme, liée au gouvernement.
Le calme n'était revenu qu'avec l'instauration d'un état d'urgence entre octobre 2016 et août 2017, même si d'occasionnelles manifestations ont encore lieu.
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Ces manifestations étaient avant tout l'expression d'une frustration des Oromo (sud et ouest) et des Amhara (nord), les deux principales ethnies du pays, face à ce qu'ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de l'EPRDF, qui règne sans partage depuis 1991, et plus largement une limitation des libertés individuelles et un déséquilibre dans le partage des richesses.
Ces dernières semaines, les autorités éthiopiennes ont libéré des centaines de prisonniers - dont des opposants et des journalistes - et abandonné des poursuites, à la suite de la promesse du Premier ministre, le 3 janvier, de libérer un certain nombre d'hommes politiques pour "améliorer le consensus national".
Le président et le vice-président du Congrès fédéraliste oromo (OFC), Merera Gudina et Bekele Gerba, ont de la sorte été libérés.
Des discussions ont également été lancées avec l'opposition et promesse a été faite d'entreprendre des réformes, mais au final, M. Hailemariam n'aura pas résisté à cette profonde crise politique.
Car des fractures sont apparues dernièrement au sein de la coalition au pouvoir. Deux de ses hauts responsables, dont le président de l'Assemblée nationale, Abadula Gemeda, un Oromo, ont ainsi annoncé leur démission, avant de revenir sur leur décision.
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Reste désormais à savoir si la démission de M. Hailemariam signifie que les doléances des Oromo et Amhara, notamment, seront entendues ou si elle est synonyme d'une reprise en main du régime par la vieille garde issue de la rébellion tigréenne contre Mengistu.
Malgré sa démission, M. Hailemariam a assuré selon Fana vouloir "être impliqué dans les programmes de réformes".
"M. Hailemariam a demandé à ses concitoyens, à savoir le peuple d'Ethiopie et plus particulièrement sa jeunesse, de jouer leur rôle et de prendre leurs responsabilités pour obtenir la paix et le développement de cette nation", a indiqué Fana.
Avec AFP