L'arrivée de l'homme d'affaires à la Maison Blanche avait pris de court tout le secteur.
Afin d'obtenir cette fois une vision plus complète, Ipsos allie trois sources d'information : les sondages traditionnels, l'analyse d'experts de l'université de Virginie et des millions de messages postés sur les réseaux sociaux.
Le tout dans un nouvel outil accessible gratuitement en ligne et présenté mardi à Washington.
"Tout ceci est né de notre expérience en 2016", lorsque le républicain Donald Trump a battu la démocrate Hillary Clinton contre les prévisions, explique à l'AFP Cliff Young, responsable aux Etats-Unis des relations publiques de l'institut de sondages.
"De nombreuses organisations se sont trompées" car "le marché en général dépendait d'une seule source : les sondages".
"Nous avons légèrement surévalué" la démocrate dans les Etats indécis, poursuit-il, alors même que les sondages "tendent à sous-estimer les électeurs blancs peu diplômés dans les régions rurales", plus enclins à voter pour Donald Trump.
"Le mieux est d'utiliser plusieurs sources", conclut Cliff Young.
En plus de quelque 10.000 entretiens d'électeurs potentiels réalisés chaque semaine pour les sondages, le nouvel outil Ipsos passe donc au crible jusqu'à 5,5 millions de messages sur les réseaux sociaux chaque jour. S'y ajoutent les prévisions des experts en sciences politiques de l'université de Virginie.
Ipsos suit plus de 400 des scrutins prévus le 6 novembre, lorsque seront en jeu les 435 sièges de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat (35 sièges) à Washington --où les républicains sont majoritaires-- ainsi que les postes de gouverneurs dans 36 Etats.
"Une année fortement démocrate"
Tout indique que les démocrates peuvent reprendre la Chambre mais ils auront plus de difficultés au Sénat, où la majorité devrait pencher du côté républicain, selon Ipsos.
"Les trois méthodes suggèrent que ce sera une année fortement démocrate, la question restant de savoir : quelle taille aura la vague", avance Cliff Young.
Que penser alors du président américain qui prédit "une vague" républicaine ?
"C'est de la pure fantaisie", répond Cliff Young. "Il est traditionnel lors des élections de mi-mandat de voir le parti qui n'est pas à la Maison Blanche gagner des sièges au Congrès", ce scrutin étant considéré comme un "vote référendum" sur le président.
Trois groupes démographiques devraient déterminer l'issue des scrutins.
"D'abord et avant tout, les femmes" qui ont pu être repoussées par les scandales entourant Donald Trump. "Il y a un grand écart entre le soutien des femmes pour M. Trump et les démocrates", affirme Cliff Young.
Il faudra aussi observer les "classes moyennes et classes moyennes supérieures vivant dans les banlieues résidentielles". "Il s'agit souvent de fiefs républicains" où les électeurs sont en faveur des "baisses d'impôts, des politiques aidant les entreprises etc. Mais ils ont été rebutés par la conduite du président", poursuit-il.
Mais il ne faut pas oublier les supporteurs fidèles de Donald Trump, ajoute Cliff Young, pointant vers le taux très élevé de popularité du milliardaire chez les républicains, à plus de 80%.
Les minorités tendent à peu se mobiliser lors des élections de mi-mandat. "Mais qui sait cette année ?", reconnaît-il, alors que les schémas politiques traditionnels ont été ébranlés.
Du côté des réseaux sociaux, Ipsos analyse --grâce à des algorithmes complexes-- les conversations en ligne qui "nous servent à bien comprendre quels sont les sujets clés" pour les électeurs, précise Cliff Young.
En plus de la figure omniprésente du président Trump, trois questions dominent: l'immigration du côté des républicains, le système de santé, surtout chez les démocrates, et l'emploi.
Echaudés par l'ingérence russe dans la présidentielle américaine en 2016, les analystes d'Ipsos tentent également de détecter et d'écarter les "bots" --ou comptes automatisés-- parfois dirigés depuis l'étranger, explique Cliff Young.
"Ce que nous voulons vraiment comprendre, c'est ce que les vrais humains se disent".
Avec AFP