"Dans l'éducation, les gens essaient contre vents et marées de maintenir cet investissement dans chaque enfant", a déclaré Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, qui s'est rendue cette semaine à Diffa, dans le sud-est nigérien, proche du Nigeria.
A Diffa, "les écoles et les professeurs" sont "très ciblés" par les attaques de Boko Haram dans le but, selon elle, "de tenter d'enlever la possibilité aux enfants de cette région d'apprendre", a-t-elle déploré.
Après les premiers raids du groupe islamiste nigérian Boko Haram en 2015, enseignants et élèves avaient déserté 166 écoles dans cette zone, avant que l'Unicef et le Niger ne réinstallent 99 d'entre elles en 2016 dans des "endroits plus sûrs", à l'abri des attaques des islamistes.
En revanche, une trentaine sont toujours fermées dans la région de Diffa, principalement dans des localités proches du lac Tchad et sur les bords de la rivière Komadougou Yobé (qui marque la frontière entre le Niger et le Nigeria), selon l'ONU, des zones difficilement contrôlables.
Des écoles ont été "mises à sacs ou brûlées" par Boko Haram et "des enseignants ont reçu des menaces de morts", ce qui les a "poussés à fuir", expliquait récemment un élu local.
En dépit de menaces sécuritaires, population et autorités locales "ne baissent pas les bras": "j'ai vu un personnel enseignant motivé et des enfants en nombre qui apprenaient", a noté Marie-Pierre Poirier.
Les autorités ont mis en place autour de certaines écoles un dispositif "sécuritaire" et "des plans d'évacuation" en cas d'attaques, a-t-elle assuré.
Dans certaines localités, des groupes de jeunes mènent également des activités de "sensibilisation" sur "la promotion de l'éducation", selon Mme Poirier.
Au plan humanitaire, les "défis" humanitaires sont encore "énormes" dans la région de Diffa qui abrite plus de 300.000 réfugiés et déplacés, dont des milliers vivent aux dépens d'une population locale déjà très pauvre, a-t-elle relevé.
Avec l'afflux des déplacés, un point d'eau qui ravitaillait une population autochtone de 1.500 habitants doit couvrir les besoins de 26.000 personnes, a souligné Mme Poirier.
Avec AFP