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Migrants: opérations coup de poing pour réclamer le démantèlement de la "Jungle" dans le nord de la France


Une vue aérienne sur un camp de Calais, plus communément appelé la "Jungle", France, le 14 août 2016.
Une vue aérienne sur un camp de Calais, plus communément appelé la "Jungle", France, le 14 août 2016.

Routiers, commerçants et agriculteurs de la région française de Calais organisent pour la première fois depuis lundi matin des opérations coup de poing pour réclamer le démantèlement au plus vite de la "Jungle", immense camp de migrants accusé de fragiliser l'économie.

A bord de plusieurs dizaines de camions, des transporteurs routiers convergeaient depuis 06H00 GMT vers Calais (nord), causant d'importants bouchons. Des agriculteurs doivent encore rejoindre le cortège pour un blocage de l'autoroute fréquentée par les transporteurs européens pour rejoindre l'Angleterre via le port de Calais, premier de France pour le trafic passagers, ou le tunnel sous la Manche.

"Cette manifestation, c'est pour crier le mécontentement, (...) vraiment le ras-le-bol de la profession" face aux "actes d'incivilité dont nous sommes victimes au quotidien", a déclaré à l'AFP David Sagnard, représentant local des transporteurs routiers, en référence aux nombreuses tentatives d'intrusions de migrants voulant passer à tout prix en Angleterre.

"Aujourd'hui ce que l'on réclame c'est d'avoir des mesures d'urgence pour que l'on puisse rouler en toute sécurité sur l'autoroute A16 et sur la rocade portuaire", a-t-il ajouté. Depuis quelques mois, des migrants élèvent des barrages sur la rocade avec des barrières ou des arbres pour forcer les camions à s'arrêter.

Sous une fine pluie, les deux imposants convois, encadrés par des forces de l'ordre, roulaient à faible allure et recevaient régulièrement, à coups de klaxon, le soutien d'automobilistes et routiers roulant dans le sens inverse.

Lors d'un énième déplacement à Calais vendredi, le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait réaffirmé l'intention de l'Etat de démanteler la "Jungle" le "plus rapidement possible", sans fournir de date. Une partie de la "Jungle" a été démantelée en mars mais les migrants continuent d'affluer massivement.

Selon les autorités, ils sont aujourd'hui 6.900, mais des associations évoquent plus de 9.000 réfugiés, dont 900 mineurs isolés. Ils étaient entre 3.500 et 5.000 à la fin du démantèlement de la zone sud en mars.

Les migrants, originaires aussi bien d'Afghanistan que du Soudan ou d'Irak, arrivent dans le nord de la France dans l'espoir de traverser la Manche et rallier la Grande-Bretagne, perçue comme un eldorado. Les derniers arrivants viennent souvent du Soudan.

Parallèlement aux opérations escargot, plusieurs centaines de personnes, essentiellement des commerçants de Calais ou des employés du port, vêtus de gilets jaune de sécurité, ont commencé à former une chaîne humaine. Conduits par la maire de Calais, Natacha Bouchard, qui brandissait un tee-shirt "J'aime Calais", les manifestants approchaient de la rocade portuaire.

'Etat de catastrophe économique'

"Calaisiens enfermés, migrants libres!" ou "Le gouvernement doit déclarer le Calaisis (région de Calais) en état de catastrophe économique", pouvait-on lire sur des banderoles.

Frédéric Van Gansbeke, porte-parole du collectif des entreprises et commerces de la région, espère "marquer le coup" avec cette opération, une première depuis le début de la crise migratoire qui a transformé le port de Calais en goulet d'étranglement.

"La date du démantèlement n'a pas été donnée par M. Cazeneuve, peut-être pour ne pas créer d'affolement dans le camp, ce que je peux comprendre", a-t-il à l'AFP.

"Mais on proteste car on est loin" de la satisfaction des revendications, a-t-il ajouté, citant notamment l'aide aux entreprises. "On n'a pas de réponses, donc on bloque", a-t-il ajouté.

"C'est le salaire de la peur. On se pose chaque matin la question de savoir si notre journée de travail ne va pas être gâchée, si un migrant ne va pas éventrer la bâche du camion. Et si la marchandise est endommagée, c'est retour direct à la case départ", a témoigné Nicolas Lotin, directeur d'une agence de transport à Boulogne-sur-Mer.

Début mars, le collectif avait réuni plusieurs centaines d'habitants dans les rues de Paris, où il avait été reçu à la présidence française, pour demander que la zone soit reconnue "en état de catastrophe économique exceptionnelle".

Avant le démantèlement à proprement parler de la zone nord de la "Jungle", l'Etat doit obtenir gain de cause devant le Conseil d'Etat -- la plus haute juridiction administrative française -- sur la fermeture des commerces informels de la zone.

L'Etat compte parallèlement intensifier les départs volontaires en créant d'ici à la fin de l'année quelque 8.000 places dans diverses structures d'accueil pour "désengorger Calais".

Avec AFP

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