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Quinze ans de prison pour un des ravisseurs des lycéennes de Chibok au Nigeria


Le groupe des 82 filles de Chibok attendent d'être libérées en échange de commandants de Boko Haram, près de Kumshe, Nigeria, le 6 mai 2017.
Le groupe des 82 filles de Chibok attendent d'être libérées en échange de commandants de Boko Haram, près de Kumshe, Nigeria, le 6 mai 2017.

Un des jihadistes du groupe nigérian Boko Haram a été condamné à 15 ans de prison pour sa participation à l'enlèvement en 2014 de plus de 200 jeunes lycéennes à Chibok, dans le nord-est du Nigeria.

"Un membre de Boko Haram qui a fait partie des ravisseurs qui ont kidnappé les filles de Chibok a été condamné à 15 ans de prison" par un tribunal ad hoc dont les audiences se sont ouvertes lundi à Kainji pour juger des insurgés, a expliqué à l'AFP Salihu Isah, porte-parole du ministère de la Justice.

Haruna Yahaya, 35 ans, qui est "handicapé", a précisé le porte-parole, avec un bras paralysé et une jambe déformée, a plaidé coupable mais a demandé la clémence des jurés pour avoir été "forcé à intégrer" le groupe armé et à porter un fusil d'assaut AK47.

Lors de son audition expéditive, il a raconté avoir eu une liaison avec l'une des jeunes filles, qui l'aurait supplié de la libérer, mais il a assuré qu'il ne pouvait rien faire, étant lui-même "contraint" à combattre aux côtés des insurgés, selon la presse locale.

>> Lire aussi : Les procès de masse de membres suspectés de Boko Haram reprennent au Nigeria

Toutefois, le tribunal de Kainji, qui reconnaît qu'il ait pu être forcé à rejoindre le groupe islamiste, a jugé qu'il "avait l'option de ne pas prendre part aux activités de Boko Haram", a rapporté M. Isah, et l'a condamné à une lourde peine de prison.

Dix-neuf autres membres de Boko Haram, qui comparaissaient lundi, ont été condamnés à des peines de 3 à 5 ans de prison.

Dans une première série d'audiences, en octobre, 1.669 personnes avaient été présentées devant une Cour de justice installée sur la base militaire de Kainji, une ville reculée de l'Etat du Niger (centre-ouest).

>> Lire aussi : Boko Haram libère un groupe de 13 prisonniers au Nigeria

Quelques jours plus tard, le ministère nigérian de la Justice avait annoncé la libération de 468 suspects. Un total de 45 avaient été condamnés à des peines allant de deux à 15 ans de prison et 28 cas avaient été renvoyés vers d'autres juridictions.

Un groupe de 82 d'entre eux avaient plaidé coupable en échange d'un assouplissement de peine, certains étant relâchés après des années déjà passées en détention.

Les autres dossiers avaient été renvoyés à une nouvelle audience.

Engagement volontaire ?

Les audiences d'octobre n'avaient pas été ouvertes au public, ni aux médias ou à des observateurs, ce qui avait entraîné des critiques des organisations de défense des droits de l'homme. Cette fois, le ministère de la Justice a garanti davantage de transparence.

En avril 2014, 219 lycéennes, âgées de 12 à 17 ans, avaient été enlevées alors qu'elles passaient leurs examens à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, épicentre des violences du groupe jihadiste. Leur rapt a entraîné une vague d'émotion mondiale sur les réseaux sociaux sous le mouvement de "bring back our girls".

Depuis, 107 jeunes filles ont été retrouvées ou échangées après des négociations avec le gouvernement. Début janvier, plusieurs d'entre elles apparaissaient dans une vidéo diffusée par le groupe, où elles disaient qu'elles ne reviendraient plus et ne voulaient plus quitter le "califat".

"L'engagement dans les rangs de Boko Haram n'est pas nécessairement volontaire mais cela est très difficile à prouver", explique Yan St-Pierre consultant en contre-terrorisme pour MOSECON (Modern Security Consulting Group). "Le recrutement de très jeunes garçons (par kidnapping) le prouve et il y a aussi l'impératif économique", dans des régions dévastées par la pauvreté, poursuit l'expert.

"On peut s'interroger sur la fiabilité du système de la justice au Nigeria et ce n'est pas un procès qui va changer des années d'abus", souligne M. St Pierre. "Toutefois, ce procès (encadré par l'armée mais dont les juges et avocats sont civils) montre un léger changement".

Au Tchad et au Cameroun, également sous la menace jihadiste, les combattants de Boko Haram sont jugés à huit clos par des tribunaux militaires. Le Niger veut, quant à lui, miser sur ses programmes de déradicalisation et de réintégration à la société civile.

Depuis 2009, le conflit avec Boko Haram a fait au moins 20.000 morts, 2,6 millions de déplacés au Nigeria et des milliers de personnes ont été enlevées.

Avec AFP

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