Les leaders de l’opposition ont dénoncé les morts, des cas d’arrestation des opposants et des manifestants et ont appelé les congolais à maintenir la pression sur le pouvoir jusqu’à l’obtention du retrait du projet de la loi pouvant retarder l’organisation des élections et laisser le président au pouvoir au-delà de son deuxième mandat, pourtant limité par la Constitution.
Le gouvernement n’a pas répondu aux appels téléphoniques de la VOA pour donner un bilan des heurts de mardi à Kinshasa. Mais les activistes des droits de l'homme disent avoir comptabilisé 28 personnes tuées lors de deux journées de manfestation.
Des cas d’arrestation sont signalés. Comme celle du bâtonnier Jean-Claude Muyambo, opposant proche de Moise Katumbi, le gouverneur Kabiliste de la province du Katanga qui a récemment fait revirement déclarant dans un discours imagé que « les supporters plus nombreux ceux du Burkina Faso devait envahir l’aire de jeu pour empêcher qu’un troisième faux penalty ne soit tiré ». M. Muyambo a été arrêté mardi matin de sa résidence.
Vital Kamerhe de l’Union pour la Nation Congolaise, un des leaders le plus en vue de l’opposition, a qualifié « d’arbitraire » l’arrestation de M. Muyambo opérée par des hommes en cagoule. « On a d’abord accusé Muyambo d’appel à la révolte puis une fois au parquet il a été informé que son arrestation était plutôt due à un abus de confiance pour un dossier pour lequel il était avocat, » a indiqué M. Kamerhe, dénonçant la tentative du pouvoir d’installer un état de terreur en RDC.
Comme lui, Etienne Tshisekedi, leader historique de l’opposition, en convalescence à Bruxelles, a lancé un appel à poursuivre la pression contre le pouvoir de Joseph Kabila.
« Je lance un appel solennel à notre peuple de demeurer mobilisé, de manière permanente, pour contraindre ce régime finissant à quitter le pouvoir, en usant de tous les moyens que nous confère l'article 64 de notre Constitution, » affirme Etienne Tshisekedi à travers un communiqué remis mardi à la VOA.
La modification de la loi électorale contestée conditionne la tenue des élections de 2016 à un recensement et à l’identification de la population.
L’opposition estime que ces deux opérations ne pourront pas se faire avant la date du 19 décembre 2014 prévue pour les élections. Ce qui aura pour conséquence de maintenir M. Kabila au pouvoir au-delà de son deuxième mandat, selon la limite fixée par la Constitution.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo (RDC) a déploré mardi le lourd bilan suite aux violentes manifestations qui ont eu lieu à Kinshasa.
« Je déplore les morts et les blessés suite aux incidents qui se sont produits … à la suite de violentes manifestations, et l'usage de la force létale par les forces de sécurité qui s'en est suivi », a déclaré Martin Kobler dans un communiqué relayé par le Centre d’actualités de l’ONU, il a rappelé que « l'usage de la force par les forces de l'ordre doit toujours être proportionné, imposé par la nécessité, et en dernier recours ».
Les violences de lundi et mardi à Kinshasa ont fait 28 morts, selon un bilan avancé mardi soir par une organisation de défense des droits de l'Homme congolaise.
Ce chiffre n'a pas pu être confirmé dans l'immédiat de source indépendante. Interrogé, la Croix rouge congolaise s'est refusée à donner un bilan, s'en remettant aux autorités.
"Nous avons consolidé les chiffres suivants: 20 morts dont deux policiers lundi, et huit morts" civils mardi, a déclaré à Me Georges Kapiamba, président de l'Association congolaise pour l'accès à la justice (ACAJ).
Me Kapiamba a expliqué que ces chiffres avaient été obtenus par des observateurs déployés dans la capitale congolaise par son association et un collectif d'autres ONG. Ce nombre a été obtenu auprès de sources dans différentes morgues, mais l'ACAJ précise cependant ne pas avoir été en mesure d'établir une liste nominative de tous les morts.