Comme plusieurs pays d'Afrique de l'Est, le Kenya est frappé de plein fouet par une sécheresse aiguë: les deux dernières saisons des pluies ont été marquées par de très faibles précipitations, conduisant à des récoltes en forte diminution et une augmentation du prix des denrées alimentaires. L'inflation a atteint 9% en février, la plus forte hausse depuis 5 ans.
"La situation empire chaque jour. Les taux de malnutrition infantile progressent continuellement. Les enfants tombent malades et les sources de revenus des familles ont été amputées après la mort de milliers de têtes de bétail", principale richesse de nombreuses communautés d'éleveurs, a expliqué le secrétaire général de la Croix-Rouge kényane, Abbas Gullet, dans un communiqué.
"Il est de plus en plus difficile pour les populations (affectées) d'avoir accès à l'eau et pour certains, les trajets sont multipliés par trois pour pouvoir ravitailler le foyer en eau", a-t-il décrit.
La sécheresse a également exacerbé les tensions entre communautés d'éleveurs, qui ont fait au moins 30 morts depuis décembre.
Selon la Croix-Rouge, le nombre de Kényans souffrant de la faim pourrait atteindre les 4 millions dans les semaines à venir.
Plus de 340.000 enfants de moins de cinq ans sont en état de malnutrition aiguë.
"Les mots nous manquent pour décrire la situation dans les zones affectées au Kenya, et dans le reste de la région", a souligné Fatoumata Nafo-Traoré, la directrice Afrique de la Fédération internationale de la Croix-Rouge.
La crise humanitaire touche plusieurs autres pays de la région: la Somalie voisine est au bord de sa troisième famine en 25 ans. Au Soudan du Sud, la famine - causée non par la sécheresse mais par le conflit qui dure depuis décembre 2013 - a été officiellement déclarée et menace 100.000 personnes.
"Notre message est simple: les organisations humanitaires ont besoin de ressources suffisantes pour répondre à la hauteur des besoins. Si nous ne le faisons pas, des milliers de personnes pourraient mourir et des enfants souffriront des séquelles pour le reste de leur vie. Et nous ne pourrons pas dire: 'nous ne savions pas'", a averti Mme Nafo-Traoré.
Avec AFP