Avant de raccrocher ses crampons en 2013, Mohamed Aboutrika était considéré comme l'une des plus grandes stars du ballon rond en Afrique, notamment pour avoir aidé l'Egypte à remporter en 2006 et en 2008 la Coupe d'Afrique des Nations (CAN).
Il avait d'ailleurs été nommé à quatre reprises meilleur joueur africain de l'année par la Confédération africaine de football.
Toujours très populaire dans son pays à 38 ans, Mohamed Aboutrika est soupçonné par les autorités d'avoir financé la confrérie interdite des Frères musulmans, la principale force d'opposition, classée fin 2013 "organisation terroriste" en Egypte.
Un tribunal du Caire l'a pour cela inscrit sur une liste de personnes considérées comme "terroristes", ont indiqué son avocat et un responsable judiciaire. Cette mesure, prise la semaine dernière, concerne plus de 1.500 personnes, dont l'ex-président Mohamed Morsi, actuellement derrière les barreaux.
Selon la loi anti-terroriste adoptée en 2015, toute personne suspectée de "terrorisme" est frappée d'une interdiction de quitter le territoire, son passeport lui est retiré et ses avoirs gelés.
Mohamed Aboutrika se trouve actuellement au Qatar où il commente pour la chaîne beIn Sports les matchs de la CAN-2017 qui se déroule au Gabon, a indiqué mercredi à l'AFP son avocat Mohamed Osman.
Réactions indignées
Me Osman a estimé que la décision du tribunal était "contraire à la loi", puisque l'ancien joueur "ne fait l'objet d'aucune condamnation et qu'aucun chef d'accusation ne lui a été formellement notifié". "Nous allons faire appel de cette décision devant la Cour de cassation", a-t-il assuré.
Les réactions indignées ne se sont pas faites attendre en Egypte, où le hashtag #Aboutrika_n'est_pas_un_criminel s'est popularisé sur Twitter.
"Nous allons tous continuer à le défendre et je vais continuer à le soutenir jusqu'à qu'il y ait des preuves contre lui, même si je doute qu'un homme de son calibre puisse agir contre l'Egypte", a réagi sur son compte Twitter la star du football égyptien Ahmed Hossam "Mido", qui a notamment joué pour l'Olympique de Marseille en France.
"Au lieu d'inscrire son nom sur une liste des champions, on le met sur une liste des terroristes", a déploré l'animateur de télévision Waël al-Ebrachi.
En mai 2015, une commission du ministère de la Justice chargée de la confiscation d'avoirs appartenant aux Frères musulmans avait gelé ceux de M. Aboutrika, notamment ses actions dans son agence de voyage.
A l'époque, l'ex-footballeur avait nié que sa société ou ses partenaires aient financé la confrérie islamiste.
Ce gel est toujours en vigueur, malgré deux décisions judiciaires qui réclamaient sa levée, selon Me Osman.
L'ancienne vedette du club cairote Al-Ahly, investi dans des oeuvres de charité, est aussi connu pour son soutien à la cause palestinienne.
M. Aboutrika avait publiquement apporté, lors de la campagne présidentielle de 2012, son soutien à Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans, destitué un an plus tard par l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi.
La confrérie dément avoir recours à la violence alors que ses partisans sont la cible d'une répression implacable depuis la destitution de M. Morsi.
Avec AFP