La presse iranienne divisée sur l'abandon de l'accord nucléaire par Washington

La Une des quotidiens réformateurs iraniens couvrant, pleins d'espoir alors, l'investiture à Washington de l'ex-président américain Barack Obama, Téhéran, Iran, le 21 janvier 2009.

La presse iranienne était unanime mercredi matin pour dénoncer la décision du président américain de quitter l'accord nucléaire, mais elle est partagée entre les journaux réformateurs qui espèrent sa survie et les conservateurs qui prônent une réaction plus dure.

"L'accord nucléaire sans le gêneur", titre sur toute sa Une le grand quotidien réformateur Etemad, qui reprend un tweet du président Hassan Rohani: "On a été débarrassé du mal de quelqu'un qui ne respecte pas ses engagements. L'accord nucléaire continuera si les intérêts de l'Iran sont assurés avec les cinq (autres pays signataires de l'accord). L'Iran est plus uni que jamais pour neutraliser les sanctions illégitimes des Etats-Unis".

L'accord sur le nucléaire iranien a été conclu en juillet 2015 à Vienne entre Téhéran et le Groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne), avant l'arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, vivement hostile au texte.

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Le président américain Donald Trump a annoncé mardi l'abandon de l'accord par les Etats-Unis et le retour des sanctions dures contre l'Iran.

Par ce texte, l'Iran a accepté de limiter son programme nucléaire pour garantir son caractère pacifique, obtenant en contrepartie une levée progressive et partielle des sanctions internationales.

Le quotidien réformateur Aftab salue la "décision logique de Téhéran" de compter sur les Européens, la Russie et la Chine pour contrer la décision de Trump, alors que le quotidien gouvernemental Iran titre sur "l'accord nucléaire sans le gêneur".

Si les journaux réformateurs reprennent la tonalité du président Rohani qui espère encore le maintien de l'accord nucléaire avec l'aide des Européens, de la Russie et de la Chine, les journaux conservateurs ont adopté une ligne plus dure.

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"Trump a déchiré l'accord nucléaire, il est temps pour nous de le brûler", affirme le quotidien ultraconservateur Kayhan, reprenant une phrase du guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei prononcée il y a quelques mois. Kayhan a toujours critiqué l'accord nucléaire et la politique de rapprochement du président Rohani avec l'Occident.

Pour sa part, le quotidien Javan, proche des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite iranienne, affirme en Une que "l'Iran sera uni et résistera". "C'est le temps de l'unité et non de blâmer les autres. C'est l'occasion d'un renouveau pour l'Iran. Notre slogan 'Mort à l'Amérique' n'est plus un slogan, les Etats-Unis sont effectivement morts" à nos yeux, affirme le quotidien.

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De son côté, le quotidien conservateur Farheekhtegan titre en Une "Non à l'accord nucléaire sans les Etats-Unis". Le quotidien affirme que "l'Europe n'a pas la capacité de maintenir l'accord nucléaire"..

Enfin, le quotidien conservateur Resalat reprend en Une des déclarations de Mohammad Javad Larijani, conservateur chargé des questions internationales au sein du pouvoir judiciaire iranien, qui affirme qu'il ne faut pas compter sur les Européens pour tenter de préserver l'accord nucléaire car "l'Europe est pire que les Etats-Unis dans l'application de ses engagements".

Avec AFP