Une commission d'enquête blanchit Zuma dans une affaire de corruption

Jacob Zuma, le président sud-africain

Le rapport de la commission chargée sur des soupçons de corruption dans un contrat d'armement de plusieurs milliards de dollars a été rendu public alors que l'opposition tente d'obtenir de la justice que quelques 700 charges de corruption contre le président Zuma soient relancées.

Une commission d'enquête sud-africaine a blanchi le président Jacob Zuma et d'autres responsables gouvernementaux soupçonnés de corruption dans un contrat d'armement de plusieurs milliards de dollars impliquant notamment la société française Thales, a annoncé jeudi le chef de l'Etat.

En décembre 2007, Jacob Zuma, alors leader du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), avait été inculpé de corruption, fraude et racket dans le cadre d'une enquête fleuve sur un contrat d'armement de 4,8 milliards de dollars conclu en 1999 par le gouvernement de l'ANC.

Le parquet général avait finalement retiré, pour vice de forme, les charges contre M. Zuma, juste avant son élection à la présidence en 2009. Mais la presse sud-africaine estime que toute la lumière n'a pas été faite dans cer scandale, l'un des plus importants depuis la fin de l'apartheid en 1994.

En 2011, le président Zuma avait lui-même nommé une commission, composée de juges, pour enquêter sur les allégations de corruption. Après quatre années de travaux, elle a remis ses conclusions fin 2015, et le chef de l'Etat les a rendues publiques jeudi.

"La commission établit que rien ne corrobore les allégations largement répandues de corruption et de fraude dans le processus d'acquisition des armes", a déclaré Jacob Zuma.

"Le gouvernement était d'avis que toute découverte pointant tout méfait devait être transmise aux autorités compétentes chargées de faire respecter la loi. Il n'y a pas de telle conclusion et la commission ne fait pas de recommandation", a-t-il ajouté lors d'une allocution télévisée depuis le Cap, la capitale parlementaire.

L'avocat Paul Hoffman, représentant des militants contre les contrats d'armement, avait qualifié de "farce" la commission d'enquête, dont un juge a d'ailleurs démissionné.

Le rapport est rendu public alors que l'opposition tente d'obtenir de la justice que les quelque 700 charges de corruption contre le président Zuma, qui avaient été abandonnées en 2009, soient relancées.

Son conseiller financier Schabir Shaik avait été condamné en 2005 à quinze ans de prison, pour avoir notamment sollicité des pots-de-vin de Thomson-CSF (devenu Thales). Il avait finalement été libéré pour raisons médicales en 2009, l'année où Jacob Zuma est devenu président.

Dans le cadre de ce vaste contrat d'armement avec plusieurs sociétés, le gouvernement sud-africain avait acquis de nombreux équipements, dont des avions Gripen du groupe suédois Saab et des sous-marins.

Les conclusions du rapport tombent à point nommé pour le président Zuma, au cœur de plusieurs scandales et qui a notamment été reconnu coupable fin mars d'avoir violé la Constitution en refusant de rembourser une partie des 20 millions d'euros d'argent public utilisés pour rénover sa propriété privée.

Avec AFP