L'armée congolaise a enregistré "au total six morts dans ses rangs et quatre blessés dont deux graves", a déclaré lors d'une conférence de presse à Goma le général Bruno Mandevu, commandant de l'opération Sokola 2, chargée de la traque des rebelles hutu rwandais de Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).
"Alors que nous avions observé l'ordre de cesser le feu venu de Kinshasa, à la demande des autorités militaires de Kigali, les soldats rwandais ont continué de tirer, faisant ces victimes" dans nos rangs, a expliqué le général Mandevu.
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"Des troupes rwandaises avaient occupé trois positions sur le territoire congolais et y ont creusé des trous de fusiliers, ce qui signifie qu'ils étaient venus pour faire la guerre", a-t-il ajouté.
Le général Mandevu dit vouloir apporter des preuves sur ce qui s’est réellement passé.
Selon lui, un appareil de reconnaissance appartenant à l’ICCN (Institut congolais pour la conservation de la nature), a découvert trois positions avec des hommes armés à l’intérieur du parc de Virunga.
"Au départ, nous avons cru que c’était des éléments du M23 (Mouvement du 23 mars). Nous avons envoyé une patrouille suivant les coordonnées précises. Mais en réalité notre patrouille a retrouvé l’armée rwandaise ", a indiqué général Mandevu.
Selon lui, un échange des tirs a éclaté et trois militaires congolais sont morts sur le champ.
" Les trois corps sont jusqu’à présent sur le lieu pour permettre la poursuite des enquêtes avec la délégation du Mécanisme conjoint de vérification de la CIRGL (Conférence internationale pour la région de Grands lacs) qui se trouve en ce moment du côté rwandais pour la même cause", a précisé le général Mandevu.
De son côté, le Rwanda nie ces allégations et souligne que la position attaquée se trouve sur le sol rwandais, d’après un communiqué que l’armée rwandaise a adressé au Mécanisme de vérification.
Les affrontements avaient été déclenchés ce 13 février, selon le général Mandevu.
Pendant six heures de temps (de 8h à 14h), les deux forces se sont battues, avant que le gouvernement rwandais ne demande un cessez-le-feu, a affirmé le général Mandevu.
"Après des tirs nourris, le chef de renseignement de l’armée rwandais a appelé son homologue congolais pour le cessez-le-feu. Mais, l’armée Rwandaise a continué à tirer sur nos troupes", s’est plaint le général Mandevu, signalant avec pour preuve des photos prises par des drones de reconnaissance montrant des plantations de chanvre en plein parc de Virunga, dans la vallée du Volcan Sabinyo où certaines positions de l’armée rwandaise se trouvent à plus de 200 mètres en profondeur dans ce parc qui constitue la limite entre le Rwanda, l’Ouganda avec la RDC
Depuis plusieurs années les deux armées se sont affrontées par manque de clarté sur les limites frontalières dans une végétation et un relief difficilement accessibles.
Mercredi, les Forces armées de RDC avaient fait état de violents combats près de la frontière avec le Rwanda. L'armée congolaise a accusé des troupes régulières rwandaises d'avoir occupé des positions "à l'intérieur des frontières congolaises".
Créées en 2000, les FDLR sont des rebelles hutu rwandais opposés au régime de Paul Kagame au pouvoir à Kigali depuis la fin du génocide contre les tutsis de 1994, auquel ont participé les membres fondateurs hutus des FDLR.
L'Est congolais est déchiré par des conflits armés depuis plus de vingt ans. Des dizaines des groupes armés soutenus parfois par des pays voisins se battent pour le contrôle des zones riches en ressources naturelles.