"Je ne plierai pas et résisterai à cet acharnement politique", a affirmé Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989 au Soudan, répondant aux questions du Monde.
La Cour Pénale Internationale (CPI) l’a inculpé pour crime de guerre et crime contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à une guerre qui a fait plus de 300.000 morts en une décennie.
Dans cette interview, Omar el-Béchir évoque "l'acharnement politique" de la Cour pénale internationale (CPI) et des puissances occidentales à son encontre.
Pour lui, la CPI "fait partie des outils de déstabilisation du Soudan".
Candidat à sa propre succession à l'élection prévue en avril, il martèle qu'"il n'y a pas eu de génocide au Darfour".
La procureur de la CPI Fatou Bensouda a suspendu en décembre les enquêtes de crimes de guerre au Darfour, pour protester contre la passivité du Conseil de sécurité de l'Onu et de la communauté internationale.
En dépit des mandats d'arrêt dont il fait l'objet, M. Béchir a pu depuis 2009 voyager dans plusieurs pays sans être arrêté.
"Je mène des politiques qui dérangent certaines grandes puissances, à commencer par les États-Unis. Je dis haut et fort que la résistance palestinienne à Israël est légitime. Je suis contre les interventions américaines dans les pays musulmans", a clamé le président soudanais.
"Les États-Unis nous considèrent comme un soutien du terrorisme. Pourtant, le Soudan n'est pas épargné par les actes terroristes qui se nourrissent des injustices occidentales", a affirmé M. Béchir, dont le régime est souvent soupçonné de soutenir ou d'entretenir des mouvements islamistes dans la région, notamment en Libye.
"Je n'ai pas armé ou soutenu des milices islamistes" dans ce pays, a-t-il déclaré.
"Je n'interviens pas dans les affaires internes des autres pays africains. Et je demande à ce qu'on n'intervienne pas dans les nôtres", a encore dit le président soudanais.
La campagne pour les scrutins présidentiel et législatif a débuté mardi au Soudan, sur fond de répression des médias et de boycott de l'opposition.
Grand favori du scrutin, M. Béchir, 71 ans, fera face à une quinzaine de candidats qui ne devraient pas être de réels adversaires pour le président sortant.
VOA/AFP/LE MONDE