Bête noire de Trump, le numéro 2 du FBI quitte ses fonctions

Donald Trump, James Comey et Andrew McCabe.

Il était depuis des mois dans le collimateur du président Donald Trump et se savait sur un siège éjectable: le directeur-adjoint du FBI, Andrew McCabe, a été poussé au départ lundi.

Le haut fonctionnaire policier, âgé de 49 ans, faisait l'objet depuis 2016 de critiques récurrentes de M. Trump et de responsables républicains, qui l'accusaient d'être proche des démocrates.

Mais la Maison Blanche a décliné toute responsabilité dans son départ lundi de la direction de la police fédérale.

"Il (M. Trump) n'a joué aucun rôle dans cette décision", a assuré lundi la porte-parole de l'exécutif, Sarah Sanders, dans son point de presse quotidien.

M. McCabe quitte immédiatement son poste mais restera sur le registre des employés de la police fédérale jusqu'en mars pour des raisons administratives, a indiqué à l'AFP une source interne à l'agence.

Selon le New York Times, il aurait aimé rester en poste jusqu'à son départ en retraite plus tard cette année mais a été poussé dehors par le directeur du FBI Christopher Wray, nommé en août 2017 par M. Trump.

Aucun commentaire n'était disponible au FBI.

M. Trump avait publiquement reproché à son ministre de la Justice, Jeff Sessions, de ne pas avoir renvoyé Andrew McCabe à l'époque où celui-ci était directeur par intérim du FBI.

Donald Trump semble avoir cristallisé sur M. McCabe toute l'amertume que suscite chez lui l'enquête très sensible qui cherche à déterminer si l'équipe de campagne du milliardaire républicain s'est concertée avec les Russes pour influencer les résultats de l'élection présidentielle de 2016.

Proche de James Comey

Le département du Trésor a publié dans la nuit de lundi à mardi une liste de plus de 200 noms d'officiels russes --y compris le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ou le Premier ministre Dmitri Medvedev-- et hommes d'affaires susceptibles d'être sanctionnés pour punir Moscou de cette ingérence supposée.

Le directeur de la CIA Mike Pompeo a par ailleurs déclaré lundi soir à la BBC s'attendre à ce que la Russie se mêle des élections législatives de novembre prochain, assurant: "je n'ai pas vu de diminution importante de leurs activités".

M. Trump avait aussi accusé M. McCabe d'être un ami de l'ex-patron du FBI James Comey, qu'il a lui-même limogé en mai 2017 à cause de l'enquête russe.

Ce dernier a salué M. McCabe dans un tweet pour avoir "gardé la tête haute au cours des huit derniers mois, lorsque des gens sans envergure tentaient de détruire une institution dont nous dépendons tous".

Donald Trump avait aussi reproché à M. McCabe les liens supposés de son épouse, qui s'est engagée sous l'étiquette démocrate dans une élection en Virginie, avec le gouverneur de cet Etat, Terry McAuliffe, un proche de Hillary Clinton, ancienne rivale de M. Trump à l'élection présidentielle.

Trump en rage

Selon NBC lundi, M. Trump se serait mis en rage en voyant James Comey embarquer dans un avion du FBI, au lendemain de son renvoi.

Il aurait alors appelé M. McCabe et passé sa colère sur le nouveau directeur par intérim du prestigieux bureau centenaire, aux 30.000 employés jaloux de leur indépendance.

M. Trump a ensuite nommé M. Wray, un juriste qui a travaillé dans le gouvernement de George W. Bush, pour remplacer M. Comey à la tête de la police fédérale américaine.

Lors d'un incident distinct, également postérieur à la mise à l'écart de M. Comey, Donald Trump a convoqué M. McCabe à la Maison Blanche et lui a alors demandé pour qui il avait voté à la présidentielle, a rapporté la semaine passée le Washington Post.

Les critiques de M. Trump se sont intensifiées en décembre quand il est apparu qu'une juriste du FBI, Lisa Page, entretenait une liaison avec un enquêteur du Bureau, Peter Strzok, les deux amants affichant leurs sympathies pro-Clinton et anti-Trump.

Ces deux agents ont été impliqués dans l'enquête classée sans suite sur les courriels de Hillary Clinton et sur celle portant sur la collusion présumée entre l'équipe de campagne de M. Trump et les Russes.

Avec AFP