"Aujourd'hui, nous avons malheureusement encore quelque 17 élèves de collèges et lycées qui sont incarcérés dans plusieurs prisons à travers le pays, pour des gribouillages (sur) des photos du président dans des manuels scolaires", a annoncé à l'AFP Jacques Nshimirimana, président du Fenadeb, qui regroupe 48 organisations de la société civile engagées auprès de l'enfance.
Sept de ces élèves des classes de 8ème à la 10ème sont détenus à la prison de Muramvya (centre), six dans la prison de Rumonge (sud) et quatre dans celle de Muyinga (est), selon la même source.
Au plus fort de la crise liée à ces gribouillages, "on a eu autour de 44 élèves qui étaient en prison", a-t-il poursuivi.
"Nous leur avons donné des avocats, on a plaidé pour eux et montré que ce n'était pas les vrais auteurs de ces gribouillages car il n'y avait pas de preuves contre eux", a expliqué l'activiste burundais.
Recensés pour la première fois dans le sud de Bujumbura fin mai, ces détournements de la photo du président s'étaient répandus très rapidement à travers les écoles de tout le pays. Dans certains livres, les yeux du président avaient été troués. Dans d'autres, sa photo avait été gribouillée, ou des propos insultants à son égard avaient été inscrits.
Des centaines d'élèves avaient été provisoirement exclus de leurs écoles alors que des milliers d'autres avaient été sommés de payer pour remplacer les manuels abîmés.
A Muramvya, un passant avait été tué et deux collégiens blessés par les balles de la police alors qu'ils manifestaient pour la libération de leurs camarades.
"Toutes les ONG sont d'accord pour dire que gribouiller la photo du président est un délit punissable par la loi" mais, a estimé le président du Fenadeb, "la prison pour ces élèves est disproportionnée". D'autant qu'il est "quasiment impossible" de prouver qui est l'auteur de ce délit car chaque livre est partagé par une dizaine d'élèves.
Le Burundi a plongé dans une grave crise émaillée de violences lorsque le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat, avant d'être réélu en juillet. Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.
Avec AFP