Les assaillants ont "perdu plusieurs combattants", a indiqué le ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, ajoutant toutefois que "le bilan des combats sera communiqué dès que l'évaluation opérationnelle sera achevée".
Aucun bilan sur les combats n’a été révélé après cette première sortie de l’aviation militaire camerounaise.
Selon le gouvernement de Yaoundé, tôt dimanche matin plusieurs centaines de combattants de Boko Haram ont pris d'assaut le camp militaire d'Assighasia dans la région de l'Extrême-Nord, frontalière du Nigeria.
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"Les forces de défenses camerounaises ont dû reculer après avoir tenté de défendre leur position", a reconnu le gouvernement camerounais.
"Sur très hautes instructions du président de la République (Paul Biya) l'aviation de chasse camerounaise est entrée en action pour la première fois depuis le début de ce conflit. Après deux passages et un feu nourri de ses vecteurs de combats, les assaillants ont déguerpi du camp d'Assighasia", selon Yaoundé.
"L'entrée en action de notre aviation dans ce conflit constitue une nouvelle gradation de la riposte camerounaise face à la multiplication (...) des attaques ennemies venues du groupe terroriste Boko Haram", indique le communiqué.
Depuis début 2014, Boko Haram a multiplié les attaques dans le nord du Cameroun et au fil des mois le groupe islamiste engage de plus en plus d'hommes dans ses opérations, s'en prenant directement à l'armée camerounaise et non plus simplement aux civils.
Le Cameroun a longtemps été très critiqué par ses voisins, mais aussi par la France, qui l'accusaient de passivité face aux agissements de Boko Haram. Pendant des années, le groupe, qui commettait des attentats au Nigeria, se servait essentiellement du territoire camerounais comme base arrière pour se reposer, se ravitailler en armes et en nourriture.
Mais la donne a changé depuis les enlèvements de la famille française Moulin-Fournier et de religieux occidentaux dans le nord Cameroun en 2013.
Dans l'extrême-nord du pays, le président Biya a décidé d'envoyer d'importants renforts militaires avec l'opération "Alpha" pour contrer les attaques islamistes.
Environ 2.000 hommes ont ainsi été envoyés déployés, mais il en faudrait beaucoup plus pour contrôler une cette frontalière extrêmement poreuse, selon des sources sécuritaires. L'aviation camerounaise a également une base avec des avions de combats à Maroua, la capitale de l'Extrême-Nord.
Et désormais, ce sont les militaires camerounais qui se plaignent de l'inaction des Nigérians devant les agissements de Boko Haram qui a réussi, dans le nord-est du Nigeria, a prendre le contrôle de pans entiers de territoire et d'y proclamer en août un "califat".
"Les attaques dirigées contre notre territoire viennent d'un pays voisin (le Nigeria) qui se dit souverain et ne fait rien", se plaignait récemment auprès de l'AFP un responsable du ministère camerounais de la Défense sous couvert d'anonymat. Pour lui, le Cameroun mène "une guerre par procuration".
En mai, le Nigeria et trois pays limitrophes (Cameroun, Niger et Tchad) ont adopté à Paris, sous l'égide de la France, un plan de riposte contre la secte islamiste nigériane prévoyant notamment une meilleure coordination du renseignement, l'échange d'informations, une surveillance commune des frontières et une capacité d'intervention en cas de danger.
Le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Niger se sont engagés à déployer chacun 700 soldats dans la zone du lac Tchad d'ici fin novembre.
"Le Cameroun a déjà dépêché dans la région 300 hommes de la marine. Le Tchad et le Niger sont dans de bonnes dispositions à fournir des troupes, mais c'est moins certain pour ce qui est du Nigeria", observait fin novembre un responsable de l'armée camerounaise.
La France n'exclut pas non d'appuyer les voisins du Nigeria par le biais de l'opération "anti-terroriste" Barkhane, basée à N'Djamena, à une cinquantaine de kilomètres de l'Etat nigérian de Borno, fief de Boko Haram, tout en plaidant pour une meilleure coopération entre les pays de la région.