Centrafrique : les trafiquants de diamants sur les réseaux sociaux pour échapper aux lois internationales

Des creuseurs en train de tamiser la terre à la recherche du diamant, en Centrafrique, 15 décembre 2014.

Global Witness a pu retracer un circuit de vente informelle des diamants centrafricains. Elle appelle les autorités centrafricaines à "développer des systèmes de traçabilité fiables"

Les trafiquants de diamants centrafricains utilisent les réseaux sociaux pour trouver des acheteurs et échapper aux lois internationales, a dénoncé un rapport de l'ONG Global Witness publié jeudi et parvenu vendredi à l'AFP.

"Les réseaux sociaux sont devenus des territoires pour rechercher des nouveaux clients", explique à l'AFP Aliaume Leroy, chargé de campagne à Global Witness.

Selon l'ONG, les vendeurs et intermédiaires interpellent des acheteurs potentiels sur les réseaux sociaux Facebook et Whatsapp, avant de se servir de la messagerie privée de ces réseaux sociaux pour négocier une transaction.

"Ces diamants [...] auraient été destinés à des acheteurs en Belgique, au Brésil, en France, en Chine, en Israël, au Liban, en Afrique du Sud, en Sierra Leone et au Liberia", précise le rapport de l'ONG, qui s'est entretenue avec sept négociants en diamants - cinq Centrafricains, un Indien et un Libanais.

Global Witness, qui a ainsi pu retracer un circuit de vente informelle des diamants centrafricains, appelle les autorités centrafricaines à "développer des systèmes de traçabilité fiables".

Le rapport demande également à la Cour pénale internationale (CPI) d'"apporter son appui aux enquêtes et aux traductions en justice du Tribunal pénal spécial nouvellement établi en RCA, y compris aux enquêtes sur le crime de pillage".

"Une part trop importante des bénéfices [du commerce de diamants] atterrit en réalité dans les poches de ceux qui contribuent à attiser le conflit", complète Aliaume Leroy. "Il est essentiel que le commerce des ressources naturelles centrafricaines tienne une place prépondérante dans les efforts destinés à établir la paix".

Le pays d'Afrique centrale, qui a basculé en 2013 dans la violence avec le renversement de François Bozizé par les rebelles à majorité musulmane de la Séléka, suscitant une contre-offensive de milices chrétiennes, les anti-Balaka, a été suspendu peu après du régime international de certification dit "de Kimberley".

Celui-ci, entré en vigueur en 2003 après la controverse autour des "diamants du sang", ces pierres précieuses ayant servi à financer des conflits en Afrique dans les années 2000, fixe les conditions d'exportation des diamants pour ses 75 Etats membres.

Avec AFP