Centrafrique: signes avant-coureurs d'un génocide, insiste un haut responsable de l'ONU

Stephen O'Brien répond aux questions des journalistes pendant un voyage à Bangassou, RCA, le 18 juillet 2017.

Stephen O'Brien répond aux questions des journalistes pendant un voyage à Bangassou, RCA, le 18 juillet 2017.

En Centrafrique où les violences s'étendent, des signes avant-coureurs de génocide existent, a affirmé mardi devant le Conseil de sécurité, selon des diplomates, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Stephen O'Brien.

Lors de ces discussions fermées à la presse, qui ne figuraient pas à l'agenda officiel du Conseil et avaient été réclamées en urgence par la France, Stephen O'Brien "a répété ce qu'il avait dit" début août lors d'une réunion à l'ONU, a rapporté l'une de ces sources diplomatiques.

"Les signes avant-coureurs de génocide sont là", avait-il alors mis en garde en rendant compte d'un récent voyage mené en Centrafrique et en réclamant davantage de militaires et de policiers pour l'opération de paix de l'ONU (Minusca) dans ce pays de 4,5 millions d'habitants.

Ses propos avaient suscité des remous au sein de l'Organisation, toujours traumatisée par son échec à prévenir le génocide survenu au Rwanda en 1994.

Les Nations unies maintiennent quelque 12.500 militaires et policiers en Centrafrique pour aider à protéger les civils et soutenir le gouvernement du président Faustin-Archange Touadera, élu l'an dernier.

Selon Stephen O'Brien, cité par un diplomate, le nombre de déplacés dans le pays atteint aujourd'hui "600.000, soit 40% de plus que l'an dernier". Le responsable de l'ONU a aussi mis en garde le Conseil de sécurité contre les violences qui visent les acteurs humanitaires sur le terrain, obligeant à suspendre plusieurs de leurs actions. Les violences s'étendent dans le pays, comme dans la région de Bangassou (sud-est), a-t-on précisé de même source.

La Centrafrique subit un regain de violences des factions de l'ex-Séléka, prétendant défendre la minorité musulmane, et groupes d'"auto-défense" anti-balaka, majoritairement chrétiens. Le contrôle des ressources naturelles est aussi un enjeu des violences.

Selon un autre diplomate, lors des échanges mardi, "des membres du Conseil de sécurité ont proposé une visite" de cette instance en Centrafrique pour qu'elle se fasse une idée plus précise de la situation.

Début août, Stephen O'Brien avait exhorté le Conseil de sécurité à "agir maintenant, ne pas réduire l'effort de l'ONU et prier pour ne pas avoir à vivre en le regrettant".

Mardi, selon des diplomates, il a réaffirmé que l'objectif de 497 millions de dollars pour financer l'aide humanitaire destinée cette année à la Centrafrique était loin d'être atteint.

Avec AFP