Forte participation aux législatives aux Pays-Bas

Les Pays-Bas vote pour les élections législatives, ici dans un bureau de vote à l'Hotel des Indes, La Haye, le 15 mars 2017.

Dans les gares, musées ou sur une île inhabitée, les files s'allongent devant les bureaux de vote : les Néerlandais votent en masse mercredi pour des législatives considérées comme un baromètre du populisme et de l'extrême droite en Europe.

Malgré de nombreux indécis, un tiers des 12,9 millions d'électeurs potentiels avaient déjà marqué de rouge leur bulletin peu avant 13h TU, selon l'Institut de sondage Ipsos, par une journée ensoleillée. Lors des dernières élections législatives en 2012 le taux de participation à la même heure était de 27%.

La campagne a été marquée par les questions de l'identité et de l'immigration dans ce pays de 17 millions d'habitants, et phagocytée le week-end dernier par l'éclatement d'une crise diplomatique avec la Turquie.

Après le Brexit au Royaume-Uni et la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, tous les yeux sont braqués sur la formation du député islamophobe Geert Wilders, qui est redescendu dans les derniers sondages, après avoir caracolé en tête pendant de nombreux mois.

"Attendons de voir les résultats", a déclaré le député à la chevelure péroxydée devant de très nombreux journalistes, en votant dans une école de la banlieue de La Haye. "Je pense que les événements aux Etats-Unis, et peut-être dans d'autres pays européens, montrent que les gens normaux veulent de nouveau être souverains dans leur propre pays", a-t-il dit. A pluesieurs reprises dans le passé, M. Wilders a vu son score dégringoler entre les prédictions des sondages et le résultat du scrutin.

De l'autre côté de la ville, le Premier ministre Mark Rutte, qui a tenté de transformer l'élection en duel avec M. Wilders, a assuré que ce scrutin était "crucial". C'est "l'opportunité pour une démocratie comme la nôtre de mettre un terme à l'effet domino du mauvais populisme", a-t-il souligné.

Les citoyens avaient jusqu'à 20H00 GMT pour voter dans les milliers de bureaux de vote installés dans des endroits parfois insolites, comme le salon d'un particulier ou une île habituellement inhabitée. Les premiers sondages de sortie des urnes sont attendus peu après.

Baisse de Wilders

Selon les derniers sondages, publiés mardi, le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) de Mark Rutte distançait le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders. Le résultat de la formation populiste sera pourtant considéré comme un test, avant des élections dans les mois qui viennent en France puis en Allemagne.

Dans son programme politique qui tient en un feuillet, celui-ci a promis de fermer les frontières aux immigrants musulmans, d'interdire la vente du Coran et de fermer les mosquées, dans un pays dont la population compte environ 5% de musulmans.

Le parti de Mark Rutte est crédité de 24 à 28 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du parlement néerlandais, loin de ses 40 sièges actuels.Celui de Geert Wilders est crédité de 19 à 22 sièges et est talonné par les partis traditionnels, comme l'Appel Chrétien-démocrate (CDA) et les progressistes de D66.

Le CDA, qui a longtemps dominé la politique néerlandaise, est presque assuré de se retrouver au gouvernement. Pendant la campagne, il a proposé d'obliger les écoliers à chanter l'hymne national et a rouvert le débat sur la double nationalité.

62.829 votes

Même s'il finit en tête, Geert Wilders ne devrait pas figurer au gouvernement, les autres partis ayant promis de ne pas collaborer avec lui. Or le système électoral néerlandais à la proportionnelle presque intégrale - il avait fallu en 2012 à peine 62.829 voix pour obtenir un siège - oblige à créer des coalitions.

Un nombre record de 28 partis ont présenté des listes et dans un paysage aussi fragmenté la formation du gouvernement pourrait prendre des mois et nécessiter un accord à quatre ou cinq partis.

Par peur d'attaques internet, les voix seront cette année intégralement comptées à la main et les résultats officiels seront communiqués la semaine prochaine.

Compliquant le paysage politique, une crise diplomatique a éclaté pendant le week-end entre La Haye et Ankara, après l'interdiction faite par les autorités néerlandaises à des ministres turcs de participer à des meetings en faveur du président Recep Tayyip Erdogan.

Les files étaient longues aussi dans le quartier du Schilderswijk à La Haye, où la majorité des résidents sont d'origine turque ou marocaine. "Vous seriez surpris mais certaines personnes votent pour le PVV", assure un homme d'origine surinamaise à l'AFP : "ils ne supportent pas Geert Wilders mais ils en ont marre de la criminalité, surtout des jeunes", une cible récurrente de ses remarques lapidaires.

Avec AFP