HRW met en garde contre des tensions en amont d'un festival religieux en Ethiopie

Des manifestants avaient protesté contre le gouvernement au festival Irreecha, le 2 octobre 2016, en Éthiopie.

L'ONG Human Rights Watch a mis en garde contre des tensions de plus en plus vives en Ethiopie à l'approche d'un festival religieux qui avait dégénéré un an plus tôt en bousculade meurtrière sur fond de manifestations anti-gouvernementales.

L'ethnie oromo, la plus importante du pays, célèbre chaque année le festival Irreecha pour marquer la fin de la saison des pluies. La célébration, qui rassemble des dizaines de milliers de personnes à Bishoftu, à environ 50 km au sud-est d'Addis Abeba, est prévue cette année le 1er octobre.

Le 2 octobre 2016, alors que les régions Oromo (sud et ouest) et Amhara (nord) étaient le théâtre depuis des mois des plus importantes manifestations anti-gouvernementales depuis 25 ans, le festival avait pris une dimension politique et dégénéré en bousculade lorsque la police avait dispersé les manifestants, notamment à l'aide de gaz lacrymogène.

En images : le festival d'Oromo tourne mal en Éthiopie

Le drame avait fait 55 morts selon les autorités, bien plus selon les opposants, et Addis Abeba avait instauré l'état d'urgence dans tout le pays quelques jours plus tard. Cet état d'urgence a finalement été levé en août.

Les manifestations de 2015 et 2016, dont la répression a fait plus de 940 morts, ont depuis très largement cessé, mais le ressentiment vis-à-vis du gouvernement reste fort, et pourrait mener à de nouveaux affrontements avec les forces de sécurité lors de l'Irreecha de cette année, a assuré à l'AFP Felix Horne, un chercheur de HRW.

"Il est possible que cela soit très tendu", estime le chercheur, exprimant "une peur de ce qui pourrait arriver si le gouvernement ne réduit pas l'encadrement de l'évènement au minimum".

Le gouvernement, qui assure agir pour répondre aux doléances des Oromo, avait affirmé que des "forces irresponsables" étaient derrière le drame de 2016, mais selon un rapport de HRW publié mardi, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles.

Selon l'ONG, les forces de sécurité ont également bloqué certaines voies de sortie du site du festival, redirigeant la foule en fuite vers un lac et un fossé dans lesquels de nombreuses personnes sont mortes noyées ou étouffées.

Selon M. Horne, des manifestations à grande échelle pourraient reprendre si le festival Irreecha 2017 venait à sombrer dans la violence.

Les manifestations de 2015 et 2016 étaient avant tout l'expression d'une frustration des Oromo et des Amhara, les deux principales ethnies du pays, face à ce qu'ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de la coalition du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), qui règne sans partage depuis 1991.

Avec AFP