Impasse en RDC : le sénateur Florentin Mokonda doute du cadre proposé par Kabila

Florentin Mokonda Bonza sénateur de la RDC aux studios de VOA Afrique, à Washinton, le 30 mars 2017.

Invité de VOA Afrique, le sénateur congolais Florentin Mokonda Bonza a, dans une interview qu’il nous a accordée, émis des doutes sur le cadre que propose le président Joseph Kabila pour sortir de l’impasse le dialogue politique abandonné par les évêques catholiques médiateurs.

Après l’annonce de la fin de la mission de bons offices des prélats catholiques la semaine dernière, le président Kabila a promis de s’engager personnellement pour ramener le pouvoir et l’opposition à un consensus

"Personnellement, je ne crois pas beaucoup à cela parce que c’est au sein du dialogue pendant que tout le monde était ensemble sous l’égide de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) que nous aurions pu nous mettre d’accord… Je ne crois pas que le cadre que le président de la République propose soit le meilleur pour emmener une solution", indique M. Mokonda.

Selon lui, la méfiance des uns envers les autres ne permettra pas de décanter la situation.

"Aujourd’hui, le Rassemblement ne fait pas confiance au président. Le président de la République semble ne pas faire non-plus confiance au Rassemblement. Et même nous autres, qui ne faisons partie ni de l’un ni de l’autre camps, nous nous méfions également et du président de la République et du Rassemblement", rappelle-t-il.

Les discussions menées sous la médiation des évêques sur les modalités de mise en œuvre de l’accord du 31 décembre, sont bloquées sur le mode de désignation du Premier ministre et du président du Conseil de suivi de l’accord.

Le pouvoir et l’opposition, plus spécifiquement la plateforme Rassemblement, ne se sont pas parvenus à s'entendre sur ces deux points mais les prélats ont, eux, rendu le tablier.

Les deux postes reviennent au Rassemblement, selon l’accord. Mais la majorité au pouvoir exige que trois noms soient présentés au président de la République qui choisira la personne qu’il nommera comme Premier. L’opposition, elle, refuse et s'en tient au texte de l’accord qui stipule que le Premier est désigné par le Rassemblement.

Les deux camps n’acceptent pas non-plus la proposition médiane des évêques qui ont suggéré, pour couper la poire en deux, que le président de la République puisse nommer le Premier ministre après consultation de l’opposition.

"On peut encore sauver l’accord", soutient le sénateur Mokonda. "Oui. S’il y a de la bonne volonté et de la part de la majorité présidentielle et de la part du Rassemblement, il y a moyen de trouver un terrain d’entente pour que les questions qui sont restées en suspens soient réglées et que le Premier ministre soit nommé. On ne peut pas prendre en otage un peuple on ne peut bloquer l’évolution d’un pays", argumente-t-il.

Le sénateur suggère que les évêques reprennent les concertations même sous un autre format.

Il n’exclut pas la possibilité "de choisir une autre personnalité de l’opposition en dehors du Rassemblement pour diriger le gouvernement et aller aux élections" si l’impasse persiste.

La situation est tendue en RDC.

Le décès d’Etienne Tshisekedi, leader de l’opposition, le 1er février a compliqué la donne, remettant sur le tapis des discussions le poste du veilleur de la transition qui lui était confiée en raison de sa carrure et du rôle joué dans la politique congolaise.

L’accord du 31 décembre vise à résoudre la crise créée par le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila au-delà des limites constitutionnelles.